MUSIQUE DE CHAMBRE
Soyons contemporains !
Elle écrit pour Boulez. Elle rend hommage à Klaus Nomi, sur son
site. Elle transforme Lost Highway de Lynch en opéra, avec
Jelinek. Jeune, elle ressemble à Rimbaud en milieu hip-hop…
Dans la chambre d'Olga, une averse de bijoux sonores qui volent en éclats,
étoiles filantes, météorites. Jeux avec le sombre, le noir,
le silence feutré. Passe un quatuor à cordes désossé,
dématérialisé. Il disparaît, étouffé.
Puis reparaît, dispersé aux quatre coins de la chambre, en courtes
constellations phosphorescentes, hétérogènes. Pulsation
des cordes dans le ventre mou d'un trou noir musical. On y décèle
les mouvements de monstres non répertoriés, fantasques. Échines,
membrures, souples, démesurées, fantomatiques. Des monstres qui
s'avalent l'un l'autre. Surprenante dynamique. Tintamarre d'amibes géantes.
Fantasmes projetés sur l'ombre de la chambre. Et au centre, une viole
d'amour trafiquée. Enfermée dans une chrysalide qu'elle fait craquer
petit à petit, glissant de son enveloppe pour s'incarner dans une autre
chair, oblique, déterritorialisée. Tous les instruments de musique
dans la chambre sont manipulés, ligaturés, déformés,
drogués. Intrusions, sutures, greffes. Appendices discrets qui les détournent
subtilement de leurs conventions. Préparés aux petits oignons,
‘bondagés', pour libérer leurs déviances. À
écouter sans complexe, très fort, comme s'il s'agissait de rock.
En jouant. C'est ainsi que l'on entre de plein fouet dans la diversité
culturelle. Faut avoir du culot pour mettre à la une de la « musique
contemporaine ». On en a, du culot !
www.kairos-music.com
www.olganeuwirth.com
(Pierre Hemptinne)