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Pointculture_cms | critique

EXPÉRIENCE (L')

publié le

Olivier Hirschbiegel, le réalisateur, s’inspire d’une expérience


Olivier Hirschbiegel, le réalisateur, s’inspire d’une expérience réellement menée dans une prison et y ajoute des éléments permettant de faire jouer les ressorts dramatiques. Une vingtaine d’hommes acceptent, contre quatre mille deutsche Marks, de se faire enfermer dans une « prison » durant une dizaine de jours. Ils subissent des tests psychologiques et physiques, puis sont divisés en deux groupes : les gardiens et les prisonniers. Les deux parties ont une série de règles à respecter, les gardiens intervenant si les prisonniers ne les respectent pas et les responsables de l’étude si les gardiens ne jouent pas le jeu.
Le premier jour, les prisonniers sont un peu potaches, c’est un jeu, c’est pour du semblant. Mais les gardiens doivent se faire respecter et les comportements se modifient...
L’expérience va bien entendu déraper, mais ce n’est pas là le plus intéressant. L’évolution des personnages est passionnante et bien décrite... et surtout horriblement crédible. Du prisonnier qui « s’institutionnalise » au gardien que l’on verrait sans problème dans un camp de concentration à faire respecter les « quotas » (la langue du film aide à faire ce rapprochement), il y a une envie de hurler mais aussi une nécessité de s’interroger sur soi-même. C’est blessant et rageant, mais nous ne pouvons nous détourner de ce qui fait partie de l’être humain.
Une histoire d’amour, commencée avant que l’un des protagonistes ne se fasse enfermer, et qui se poursuit dans la tête des amants, apporte « un peu de finesse dans ce monde de brutes ». Une histoire belle par la confiance qu’ils ont en l’émotion ressentie l’un pour l’autre.
Plus que de l’expérience de Milgram sur la réaction à l’autorité (rendue célèbre par le film I comme Icare de Verneuil en 1979), cette histoire est à rapprocher de celle de La classe divisée dans laquelle une institutrice, afin de faire comprendre à ses élèves ce que discrimination signifie (nous sommes aux États-Unis à la fin des années 60), décrète que les enfants aux yeux bleus sont meilleurs que les autres. Les changements d’attitude sont rapides et stupéfiants. Notons la mise en scène sobre et l’interprétation de qualité.
(Eva Debaix, dépt. Fiction Documentaire)

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