Une petite usine de confection de chaussettes, c'est là tout l'univers de Jacobo. Marta est son employée de confiance. Tous deux entretiennent une relation de travail calme et efficace. Mais la routine de cette mécanique bien huilée se voit soudain mise à mal par la visite d'Herman, le frère de Jacobo qu'il n'a plus vu depuis bien des années. Pour l'occasion, Jacobo demande à Marta de se faire passer pour son épouse. Au gré de ces retrouvailles, les trois personnages ainsi réunis vont, chacun à leur manière, surmonter leurs réserves et de la sorte se découvrir eux-mêmes. Présenté comme une succession de plans fixes, ce second long-métrage du duo Stoll-Rebella brille par sa réalisation simple, jouant sur les répétitions et les détails. Il se cache derrière la simplicité apparente de l'histoire, une observation fine de ces conventions qui font la vie de tous les jours. L'humour froid et caustique rappelle le meilleur d'Aki Kaurismaki, tout en gardant sa personnalité et sa singularité. Les personnages, tout droit sortis d'un univers de BD, conservent toute leur humanité, et ce malgré les attaques acides dont ils sont souvent l'objet. Porte-drapeau d'une frange méconnue du cinéma latin, cette comédie légère et acerbe a été primée à Cannes en 2004 (prix Fipreschi, remis par la presse internationale). Un film efficace et discret, sobre… comme un verre d'eau.
(Michaël Avenia, Liège)