SPIRITS
Quels sont les traits de ressemblance entre ces deux albums?
Tout d’abord, l’orchestration qui comprend un souffleur et deux percussionnistes. Puis, deux « colosses » du saxophone, Charles Lloyd et Pharoah Sanders, qui ont côtoyé Don Cherry, Ornette Coleman et John Coltrane. Ensuite, un attachement fort à la culture orientale et à sa dimension spirituelle. D’ailleurs, le but avoué n’est pas que d’offrir une simple émotion musicale mais aussi de bâtir un socle propice à l’éveil et à la réflexion afin « d’avancer toujours ensembleet de réarranger l’univers »; « Ces rêves vivent dans la musique » ajoute mister Lloyd. Et tout au long de ces deux enregistrements publics, il s’agit bel et bien d’une alchimie sans équivoque entre peaux et anches :
d’un côté, sur un mode indien, Eric Harland ponctue d’une batterie délicate ou d’un piano subtil, se faisant alors le lien entre le jeu arithmétique époustouflant de Zakir Hussain aux tablas et Charles Lloyd qui irradie l’espace de ses sonorités feutrées.
De l’autre, La cohésion rythmique savante d’inspiration africaine proposée par Hamid Drake et Adam Rudolph se transforme en un tapis soyeux sur lequel Pharoah Sanders prend de splendides envolées remplie de lyrisme exacerbé.
Jérôme Vermeille, médiathécaire de Blois