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Pointculture_cms | critique

POST

publié le

Le bruit des glaçons fondus

Au milieu de la dernière décennie du XXe siècle, la musique électronique connaît un nouvel essor de ce côté-ci de l’Atlantique. Bristol, au sud-ouest de l’Angleterre, est en pleine ébullition, et en passe de devenir une des capitales musicales du moment. C’est de là en effet que sont originaires Portishead, Massive Attack ou encore Tricky, et c’est de là qu’émerge le mouvement trip-hop. Fraîchement débarquée en Angleterre de son Islande natale, Björk subira l’influence de ce courant et l’étoffera. Ancienne chanteuse des Sugar Cubes elle donne une suite à son premier album (si l’on fait exception du disque qu’elle a sorti étant enfant), Debut (1992), avec Post, qui, tout en conservant un aspect très dance et pop déjà présent sur le précédent, s’ouvre à d’autres styles, faisant évoluer son côté dance vers le trip-hop ou l’ambient, et se permettant même une escapade vers un morceau à l’orchestration jazzy. Contrairement à Debut, elle a fait appel ici à plusieurs producteurs, Graham Massey (808 State), Tricky et Howie B, ce qui explique en partie la variété et l’éclectisme des productions. Composé de onze plages, Post s’ouvre sur « Army Of Me » (qui est aussi le premier single), morceau assez lent à la rythmique très percussive presque indus qui, comme « The Modern Things », a été écrit avec Graham Massey avant même l’enregistrement de Debut et a pour thème les plaintes répétées envers la vie (chanson adressée à son frère). Le deuxième titre « Hyper-Ballad » est beaucoup plus léger et aérien, commençant très délicatement, tout au long des 5’21’’ se développe une longue montée pour parvenir à un apogée électro-house et se termine au son des cordes, arrangements que l’on retrouve dans « Isobel » (le second single), ce mélange de cordes, d’instruments classique, de samples et de beats électro. Ces morceaux préfigurent en quelque sorte ce que sera son album suivant, Homogenic. Mais le titre de Post qui a eu le plus de succès est véritablement l’ovni « It’s Oh So Quiet », reprise de « Blow a Fuse » chantée à l’origine par Betty Hutton (1951), sur lequel Björk est accompagnée d’un big band jazz. Les quatre derniers morceaux (à l’exception de « I Miss You ») sont également beaucoup plus calmes, plus lents avec peu ou pas de rythmique. « Possibly Maybe » construit autour d’un sample du morceau « Untitled » tiré de l’album Mass Observation de Scanner (Robin Rimbaud, musicien électronique anglais utilisant des sons de scanners et de téléphones portables) auquel s’ajoute une phrase de clavier et un beat lent et profond, hésite entre ambient et trip-hop. « Headphones » est encore plus dépouillé, simplement composé d’un son de synthétiseur, d’une basse jouant à la percussion (ou l’inverse) et de la voix de Björk qui finit par répondre à son propre écho. Post se clôture sur « Cover me », variation de mélodies jouées à la harpe agrémentée de sons d’orage et de pluie. Ce second album constitue véritablement une pierre angulaire dans la discographie de Björk, elle parvient à y atteindre le difficile équilibre entre expérimentation et morceaux pop, à réinventer un genre tout en restant accessible.

Igor Karagozian

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