Trois titres sur la fantastique anthologie du label Music Maker (cf. ) avaient déjà retenu notre attention. En effet, cette chanteuse, guitariste, compositrice (et aussi danseuse, artiste et enseignante)
proposait un blues ancré dans les traditions indiennes, dont on trouve le développement sur cet album « événement », produit et enregistré par Timothy Duffy de Music Maker. Une fondation qui vient en aide à des artistes méconnus (pour la plupart toujours vivants) ayant pourtant marqué d’une empreinte indélébile l’histoire du blues !
Dédié à la nation Tuscarora (qui fait partie des six nations iroquoises), originaire de la Caroline du Nord, d’où proviennent ses ancêtres, Pura Fé (« pure foi » en espagnol) démontre que le blues s’est nourri de racines indigènes tout au long de son histoire. Pour rappel, les Indiens furent capturés et envoyés comme esclaves vers l’Afrique du Sud et les Caraïbes. L’union « sacrée » des Noirs et des Indiens du Sud, de deux cultures ancestrales, donnera naissance à une musique qui continue de nous faire vibrer.
D’ailleurs plusieurs artistes importants revendiquent cette double appartenance : Charley Patton, Duke Ellington, Jimi Hendrix, Little Richard, Tina Turner, Muddy Waters, Don Cherry, Charles Mingus, The Neville Brothers, Thelonious Monk...
D’une voix d’ange à la pureté céleste, s’accompagnant au bottleneck sur une lap steel ou au piano, la chanteuse unit donc noirs et rouges, sangs et esprits, danses de cérémonies (Stomp Dance) et chants incantatoires, légèreté et gravité (cf. Della Blackman / Pick and choose parlant du Ku Klux Klan), émotion… et émotions ! L’héritage ne se conçoit que s’il y a transmission de génération en génération, avec tout le respect que cela demande. Pura Fé l’a parfaitement compris et son message, fort, ne peut que nous toucher !
LC