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Pointculture_cms | critique

WATCH HOW THE PEOPLE DANCING [UNITY SOUNDS FROM THE LONDON

publié le

« Watch how the people dancing - Unity Sounds from the london dancehall, 1986-1989 »

Au milieu des années 1980, le label Unity Sound, et le sound system du même nom, s’est fait le champion à Londres d’un nouveau son. Ils seront parmi les premiers à diffuser le dub digital qui révolutionnait alors la Jamaïque, et à produire un équivalent anglais au nouveau style dancehall. Initié par King Jammy, alors qu’il n’était encore que Prince Jammy, ce nouveau style reprend les rythmes et les mélodies du dancehall reggae, et en fait une relecture minimaliste, électronique et fortement digitalisée. Après quelques années durant lesquelles il avait été l’assistant de King Tubby, et où il s’était fait une réputation de producteur dub incontournable, se reposant sur une solide tradition roots, et sur le tout aussi incontournable duo de musiciens de studio Sly & Robbie, Jammy va créer l‘événement en 1985 en lançant le morceau Sleng Teng, un morceau au son synthétique, mat et clinquant à la fois, à l’opposé du son chaud, arrondi, presque « acoustique » de l’époque. Il sera suivi par une foule de partisans qui lui emprunteront ce son de synthé cheap – claviers casio proches du son des space invaders – et ses riddims bricolés à la boîte à rythmes ou au LinnDrum , cette batterie électronique qui marquera pour le meilleur et le pire la fin des années 1980.

Unity sound reprendra ce schéma, et produira une réponse londonienne à ce nouveau reggae digital, en évitant les aspects gangsta, les poses de mauvais garçons de la version originale jamaïcaine. Ils en reproduiront par contre le dépouillement, la réduction du rythme au strict essentiel, produisant des riddims au son sec, à peine agrémentés de quelques effets de jeu vidéo, un son qui pourrait sembler limité, pauvre ou réducteur - comme l’avait semblé le son des premières productions electro comparées au funk de la même époque - s’il n’était pas mis au service de chansons à l’efficacité aussi désarmante. Totalement avant-gardiste dans sa simplicité, l’audace de cette version réductionniste du dancehall inspirera d’autres genres musicaux typiquement londoniens comme le uk-garage ou le 2-step. Ainsi que le présente le label Honest Jon’s, qui produit cette anthologie, il s’agit d’un nouvel exemple de musique jamaïcaine partant à la conquête de l’Europe via le filtre britannique, comme l’avait été la calypso en son temps. Elle s’inscrit donc pour eux dans la droite ligne de leur précédente série d’anthologies London is the place for me.

Cette réédition est remasterisée par Moritz von Oswald au studio Dubplates & Mastering de Berlin, ce qui lui assure un son incroyablement chaud, et brillant. Cette re-production vient de plus souligner la filiation entre ces digi-dubs vintage et les générations actuelles de musiciens dubstep, héritière de ce minimalisme électronique comme l’est le projet rhythm & sound de Von Oswald lui-même.

 

Benoit Deuxant

 

 

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