RICHARD D. JAMES ALBUM
Ces dates correspondent, pour le musicien, à un abandon progressif de l’analogique au profit du numérique. Grâce aux ordinateurs et à leurs logiciels musicaux, les rythmiques se complexifient, se fractionnent, changent sans cesse, deviennent élastiques.
Les tempos sont particulièrement véloces, contrastant avec des mélodies souvent agréables, touchantes et parfois enfantines. Celles-ci peuvent même faire preuve d’une étonnante tendresse, comme sur « Goon Gumpas » où les beats s’effacent pour laisser place aux cordes.
D’autres sonorités organiques, amples et chaleureuses sont aussi présentes, tel cet orgue sur « Logan-Rock Witch ». Quant au titre « Girl/Boy Song », il propose une fusion particulièrement réussie entre cordes synthétiques et batterie épileptique.
Certaines éditions de ce quatrième album sont complétées d’un EP de six plages, Girl/Boy EP, d’où est extraite cette composition. Paru peu avant l’album, cet EP comprend pour la première fois deux morceaux chantés de manière intelligible. Ainsi, « Milkman » débute comme une comptine enfantine devenant ensuite progressivement une chanson malsaine et perverse. « Beetles », une autre comptine, narre les relations difficiles entre le musicien et les scarabées.
Précédemment, seules des bribes de paroles, des samples vocaux ou des voix informatisées furent utilisés. C’est encore le cas ici, par exemple avec « To Cure a Weakling Child », basé sur un sample de voix d’enfant.
La pochette du disque est aisément reconnaissable, car elle décline une fois encore le faciès rigolard de Richard D. James, ce visage flippant au rictus inquiétant proche d’une grimace, que l’on retrouve dans certains clips vidéo et sur plusieurs pochettes.
Pierre Baps