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Pointculture_cms | critique

SOUNDS

publié le

Ce travail musical est, parmi beaucoup d’autres, sensibles et résolus, représentatif de l’exceptionnelle maîtrise de tous les paramètres que le jazz aura, sur un siècle et petit à petit, mis en place. On peut, c’est une définition discutable et sans […]

Ce travail musical est, parmi beaucoup d’autres, sensibles et résolus, représentatif de l’exceptionnelle maîtrise de tous les paramètres que le jazz aura, sur un siècle et petit à petit, mis en place. On peut, c’est une définition discutable et sans doute incomplète, caractériser le jazz par trois traits: la vocalisation du son (le musicien de jazz est un « corps sonore »), la polyrythmie (le déplacement permanent de la pulsation plutôt que le trop réducteur et trop célèbre « swing »), et l’improvisation (la musique s’inscrit dans des résolutions imprévisibles et immédiates, dans un « ici et maintenant »).
Autant de qualités presque inverses de ce que le répertoire « classique » a mis en place comme références implicites, autant qu’impérieuses, dans le champ musical avec tout ce que cela entraîne dans chaque domaine de la vie individuelle et collective (quant à l’expérience du temps, du mouvement, du corps « vécu », du plaisir, du sensible, du « vivre ensemble », du pouvoir, de la maîtrise…).
Musiciens inscrits dans l’héritage du be-bop et du free jazz, mais aussi de tout un courant attaché à inscrire les caractères définis plus haut dans une rigueur, une concertation et, plus fondamentalement, une réflexivité qui aura peu à peu permis à la musique improvisée de se mettre au diapason de tout le terrain des expressions contemporaines. On pensera par exemple aux musiciens de l’AACM [Association for the Advancement of Creative Musicians], fondée en 1965 à Chicago, comme une alternative à un certain « free jazz » : Roscoe Mitchell, Fred Anderson, Henry Threadgill, Lester Bowie, Muhal Richard Abrams... et l’infatigable, exigeant et emblématique Anthony Braxton (plus de 140 albums à son nom à la Médiathèque).
L’équilibre entre l’écoute sensible et la lucidité, le moment présent et la durée longue, l’autonomie de chacun et les interactions mutuelles, la sensualité des sons et la construction rigoureuse d’une architecture sonore complexe et mouvante, s’entendent ici, dans l’évidence, de bout en bout.
Produit par le label Clean Feed dont une grande partie du très bon catalogue peut être écouté dans ce sens


Lionel Charlier

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