DATAPLEX
Depuis plus de dix années, Ryoji Ikeda peut être considéré comme un chef de file de la musique électronique japonaise. Ses ingrédients principaux sont des ultrasons miniatures et microscopiques, des fréquences hautes et basses. Les sons explorés titillent des sensations physiques chez l'auditeur. Utilisation frénétique de l'ordinateur et de la technologie digitale.
Ryoji Ikeda ouvre une brèche dans la musique électronique usant d'ondes sinusoïdales, de scories parasitaires telles que « glitch », bruits blancs, « bips » et « beeps ». Captivantes séries de tonalités rythmées au gré de vitesses variantes.
Aucune stratégie de marketing, aucune interview ou photographie n'aura aidé à établir la renommée de Ryoji Ikeda. Rythmes fins et binaires, travail sur la spatialisation, obsession pour des puretés métronomiques et cliniquement précises.
Dataplex, septième album d'Ikeda, marque un tournant dans sa discographie, s'exprimant tantôt sur le label Touch tantôt sur le label Raster-Noton. Les composants sonores soumettent une conceptualisation scénarisée. Les huit premiers morceaux contiennent principalement de micro hautes fréquences cadencées. Assemblés et réunis ils forment un corps, un courant, un fleuve dont le flux est relativement constant, tranquille et régulier. Suivent des moments présentant des rythmes, à première oreille plus effacés et moins marqués, amenant une véritable dimension dramatique. Le dernier, data.adaplex, clôt l'ensemble, formant une boucle dans la mesure où nous retrouvons l'album tel que nous l'avions entamé.
Une étroite attention accordée aux détails les plus menus ou « insignifiants » font de Ryoji Ikeda un véritable « sound designer », un sculpteur auriculaire. Multiples collaborations avec des musiciens contemporains (John Wall, Art Zoyd, David Sylvian), des designers, des architectes, ou des chorégraphes.
AB
CD DU MOIS : TORTOISE & BONNIE "PRINCE" BILLY
D’abord (puisqu’on voit la chose avant de l’écouter), un superbe objet: blanc, minimaliste, avec une variation sur l’esthétique code barre, sur la pochette, mais en fil conducteur à l’intérieur et sur le CD lui-même…
Dextérité précise pour isoler des signaux sonores, voire des vibrations électroniques subliminales, des ondes disparates codées et les dévoyer autant que les «customiser» en simulacre de danse, les ajuster en musique au début peut-être trop intello pour certains, mais qui ensuite, je pense, induit une adhérence magnétique!!
(CD du mois électro de la Médiathèque, lire article d’Alain Bolle)