Trois ans après l'excellent Personal Journals ( ) , publié par Anticon en 2002, Sage Francis nous livre son nouvel album A Healthy Distrust sur Epitaph, label américain de groupes punk rock tels, entre autres, Bad Religion, Rancid.
Avec des mots qui piquent au vif et un son qui accroche, le poète s'attaque au fanatisme religieux, à la drogue, aux armes et à la politique intérieure et extérieure des É tats-Unis. Sage Francis soigne sa musique comme ses mots. Pour cela, il invite une pléiade de producteurs de labels : Anticon, Lex, et Ninja Tune où se produisent Sixtoo, Alias, Danger Mouse.
Comme à son habitude, Sage Francis a toujours distillé un flow agressif, des rimes poétiques et désabusées sur des ambiances hip-hop plutôt angoissantes.Son nouvel album mêle des rythmes synthétiques avec, par exemple, l'insertion d'un piano sur l'explosive Ground Control ou une guitare rock sur Agony in Her Body . On trouve encore des échos d'electronica soutenus par de lourds beats sur Crumble , des rythmes orientalisant sur Gunz Yo et un ultime hommage à Johnny Cash sur le dernier titre du disque, Jah Didn't Kill Johnny .
Mais ce qui caractérise le hip-hop de Sage Francis, c'est sa singularité, sa façon de jouer avec les genres; pour lui, le hip-hop est comme la poésie, un champ d'exploitation et de création à l'infini.
A Healthy Distrust est un très bon album pour les amateurs de hip-hop et les autres. À écouter en disséquant chaque texte, livret à la main !
Pour creuser une autre approche du hip-hop :
The Opus : « Breathing Lessons » -
Prefuse 73 : « Surrounded by Silence » -
(Hamid Nafil, Liège)