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Pointculture_cms | critique

SAKURA

publié le

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En 1999, le Japonais Susumu Yokota délaisse les rythmes enfiévrés de la house pour s’abandonner dans la contemplation de quelques fleurs de cerisier aux fragiles mais si sublimes parures.

Depuis qu’il a commencé à sortir des disques à l’horizon de 1993, Susumu Yokota semble saisi d’une certaine frénésie créative dont le tempo serait calé sur celui de ses productions et mixes house. Un profil de DJ reconnu qui lui a valu de figurer à l’affiche de rassemblements massifs du type « I Love Techno ». Et bien qu’il ait comme tant d’autres recouru à ses débuts à une ribambelle de pseudonymes artistiques (Ringo, Ebi, Anima Mundi, etc.), Susumu Yokota assume tout à fait sereinement à partir de 1998 sa coupable inclination pour la dualité artistique, le Japonais menant en parallèle un travail de designer sonore à l’orée d’une ambient music croisée, organique et généreuse.
Paru en 1999, Sakura est le troisième volet d’une trilogie entamée avec Image 83-98 (1998) et poursuivie avec Magic Thread (1998). Effet du hasard, c’est sur le label Leaf (« la feuille », en anglais) que sort cet opus, à la fois dépouillé et étagé en profondeur malgré ses structures planes comme un disque de Brian Eno réalisé à la campagne. Et de l’intérieur encombré d’un aéroport à la quiétude d’une plantation de cerisiers au début de la belle saison, il n’y a la plupart du temps qu’un pas. Mais un saut de puce géant qui astreint à l’effort de passer d’une activité routinière d’audition passive à une attitude d’« écoute » participative ou plutôt immersive. Tout ici concourt plus à l’éveil des sens qu’à leur engourdissement (ceci n’est pas new age). De la sobriété de son champ synthétique, de ses nappes, montent d’éphémères constructions flottantes qui, à la façon d’un film dévoilant en accéléré l’invisible ballet d’une nature conquérante depuis son réveil à la fin de l’hiver jusqu’à son zénith au summum de l’été, se déploient puis se dissolvent petit à petit dans un éther en clair obscur presque pastoral. Une vraie proposition de bande originale pour la cinéaste et compatriote Naomi Kawase (Suzaku, Shara) ? Sakura est un album où chaque détail compte, où l’afféterie comme le coup d’éclat d’orchestrations tonitruantes n’ont pas leur place, mais où l’abandon, la flânerie et l’imagination tissent un réseau inédit de liens féconds.

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Yannick Hustache

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