La sortie récente au cinéma du remake No Reservations (traduisez Le Goût de la vie) de Scott Hicks est une occasion rêvée de (re)découvrir sa version originale : Bella Martha (Chère Martha) de Sandra Nettelbeck.
Réalisé en 2001, Bella Martha est, comme son titre ne l’indique pas, un film allemand et se déroule principalement dans le milieu de la restauration.

Martha est une femme seule, introvertie et monomaniaque qui ne respire pas la joie de vivre. Regard triste, les yeux de Martha commencent à s’illuminer quand elle se plonge dans sa passion : la cuisine. C’est que Martha est l’un des meilleurs chefs-cuisiniers de Hambourg. Seul son caractère piquant fait de l’ombre à sa réputation car elle ne supporte pas que l’on fasse des remarques sur ses préparations au risque de se faire virer du restaurant.
Déjà bien sombre, l’existence de Martha s’obscurcit un peu plus lorsque sa sœur décède, laissant derrière elle une petite fille de 8 ans sans père. Martha décide de l’héberger, mais a toutes les difficultés de communiquer avec elle. Dépression et absences successives obligent la patronne du restaurant à engager un second chef-cuisinier, Mario, italien un peu fou et extroverti qui va tenter de charmer la rude Martha.

Malgré l’apparence anodine du scénario et une finale prévisible, le film est véritablement magnifié par la justesse de ton et l’excellence du jeu des deux acteurs principaux. La critique allemande ne s’est pas trompée en décernant un prix à l’actrice Martina Gedeck pour sa prestation. Quant à Mario, interprété avec brio par Sergio Castellito, son parcours en tant que comédien est déjà un gage de qualité (les réalisateurs Laetitia Masson, Marco Ferreri, Luciano Tovoli, Giuseppe Tornatore ou encore Jacques Rivette ne s’y sont pas trompés). Pour le reste, tout se joue autour des séquences culinaires, un doux fumet arrivant presque à passer au travers de l’écran. Oui, Bella Martha a sa place auprès de Tampopo, Le Festin de Babette, Salé sucré… Un pur délice !

Brigtte Segers