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Pointculture_cms | critique

DEVDAS

publié le

L'action se passe en Inde à l'époque coloniale. Dans un somptueux

L'action se passe en Inde à l'époque coloniale. Dans un somptueux palais de pourpre, de marbre et d'or, la fête se prépare pour accueillir le cadet de la
famille. Devdas revient après dix années d'études à Londres. Il passe d'abord voir son amour d'enfance, sa voisine Paro. La fébrilité de tous est palpable et explose en un feu d'artifice de danses, de chansons et de musiques : les femmes appellent « viens mon amour ». Des lampes, flammes de passion, brûlent... la déesse Kali, toute de blancheur, resplendit sur son autel vermeil. L'orage gronde, des larmes de bonheur font briller les visages. Les amoureux se retrouvent lors d'une scène de séduction intense. Pour se venger d'une aussi longue absence, Paro refuse de montrer son visage à son aimé. Commence l'histoire d'un homme consumé d'amour pour une femme belle, intelligente, cultivée, forte qui lui est interdite à cause de la différence de caste et du poids du patriarcat. C'est Roméo et Juliette à l'indienne.

Le film est épicé et glamour. Les symboles y foisonnent : la flamme des lampes (passion amoureuse), l'eau versée sur la femme (érotisme, sensualité). La beauté des images, les couleurs, les lumières, la plastique du tout avec ses amples mouvements de caméra et ses travellings onctueux, concourent à la féerie du regard. C'est l'excès de passion amoureuse emprise dans les tissus brodés de perle, d'or et d'argent, toiles d'araignées, pièges voluptueux qui consument les visages, les corps, les êtres, les âmes... c'est Bollywood !

Dans ce film, tout concourt à la beauté, la splendeur, le plaisir. L'opulence de la mise en scène doit faire oublier au spectateur les tristes réalités de la vie. Les femmes sont belles, l'héroïne, avec ses cheveux longs, sa peau claire, ses grands yeux lumineux, sa grandeur d'âme, est une déesse à laquelle le peuple s'identifie. Elle danse le Bharata Natyam, à l'origine une danse religieuse. Les courtisanes du bordel où se réfugie et s'enivre Devdas, dansent le Katak, profane. Les hommes exécutent des danses de rue, à part des femmes, tout en les taquinant. Dans sa gestuelle complexe, la danse doit matérialiser la pensée en la rendant visible. Les attitudes anguleuses sont copiées des sculptures et des frises ornant les temples.

La musique et les chansons sont essentielles pour les Indiens. Elles deviennent souvent de véritables « tubes » que tout le monde fredonne, même lors des cérémonies religieuses ou des meetings politiques. Le succès d'un film en dépend souvent !

Devdas est un « film-orgueil » pour son réalisateur et le jeune public branché. Il est le film le plus cher jamais réalisé en Inde et doit prouver au reste du monde qu'à Bombay on fait aussi bien qu'à Hollywood. Il est aussi un hommage tendre aux films des années 1940-1950 qui offraient au public avide un bonheur enfantin...
(Pierre Coppée,Charleroi)


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