SAULE
« Plages sans fin aux variations minimes, nappes vaporeuses, boucles lentes (des samples romantiques ?) sur beat simple et inaltérable : la musique de Gas apparaît comme un sommet de romantisme, dans le véritable sens du terme. Sombre et désespérée, et pourtant belle et lumineuse, elle est évidemment dramatique » : en octobre 2000, c'est en ces termes que le Bruxellois Xavier Garcia Bardon chronique avec enthousiasme l'album « Pop » de Gas, l'un des multiples alter ego de Wolfgang Voigt. Sous les doubles auspices de ce disque et de concerts marquants du « platiniste » britannique Philip Jeck, Xavier Garcia commence dès l'année suivante, au marché aux puces de la Place du Jeu de balle, le périple créatif qui se concrétisera en 2003 par ce disque pour Sub Rosa. Récupération d’anciens pick-up permettant de ralentir en 16 tours par minute des bribes de vieux disques 33 tours de l'orchestrateur tire-larmes James Last, des gommettes ou petits bouts de papier collant se chargeant de faire sauter l'aiguille pour produire les boucles sonores que Saule superposait et modifiait par de simplissimes procédés de feedback (un petit micro placé entre les deux mini-haut-parleurs d'un casque audio). Au final, sur ce disque belge quasi-culte chez un des meilleurs disquaires du monde (Aquarius Records à San Francisco), trois longs travellings « à pas d'homme » que pourraient presque accompagner les mots quasi prémonitoires du Xavier Garcia chroniqueur du disque de Gas cités ci-dessus. « Sturm und Drang » miniature sous l'optique grossissante du microscope, nappes de son flottantes, lents glissements de brumes effilochées, percées impromptues de lumière éblouissante… Beau et hors du temps.
Philippe Delvosalle
octobre 2008