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Pointculture_cms | critique

SELECTED AMBIENT WORKS 85-92

publié le

Cette collection de titres précoces de Richard D. James, âgé seulement de quatorze à dix-neuf ans, semble avoir été coulée dans un alliage inoxydable. Celui de la jeunesse. Aphex Twin est en train de naître, libérant à chaque titre une nouvelle idée […]

Les sons torchés par Aphex Twin dans ce disque ont une force persuasive et un charme uniques. Une sélection qui porte la marque indélébile d’une époque transitoire, où une certaine dance music vire de bord et devient une formule chimique jouissive autant pour le cerveau que pour le reste du corps. Prenez le beat accéléré de « Tha », il sonne comme le rebond sans fin d’une balle sous la main d’un basketteur. Les structures rythmiques se dédoublent, successivement des claviers brodent des lignes simples mais émouvantes, un sample de conversation incompréhensible approfondit le mystère : le morceau sonne comme une danse statique tout en évoluant comme un rêve immobile. Le concept ambient a pris ici un sérieux coup de jeune, à tous points de vue. La musique électronique élaborée par Richard D. James à cette époque est le mariage harmonieux des rythmiques dansantes tirant un parti synthétique et malin de la house, la techno, le breakbeat, et des climats atmosphériques qui élargissent infiniment la portée de cette nouvelle pulsation électro. Fluide, mouvante, chimique, pénétrante, aérienne, hypnotique et dynamique, la musique synthétisée par Aphex Twin, tout en reposant sur un canevas simple, une architecture minimaliste et répétitive, invite l’auditeur et le clubber à ouvrir les yeux vers un ciel à la beauté froide englobant notre monde ambigu. Composé de morceaux contemplatifs et poétiques, tels « Ageispolis », « I », ou ludiques et postindustriels comme « Green Calx » et sa dynamique SF, ou encore pleins d’espoir comme le bondissant « Heliosphan », l’album regorge de sensations franches. Paradoxalement Selected Ambient Works, à partir d’un outillage électronique d’écolier, de nappes gracieuses et d’un sampling cinématographique et littéraire aussi discret que suggestif, a la faculté d’éveiller beaucoup plus que de plonger l’auditeur dans un bain léthargique. À l’image de la rythmique volontaire de « We Are The Music Makers » et de sa réplique répétée par Willy Wonka (voir le film Willy Wonka & The Chocolate Factory) tirée d’un fameux poème d’Arthur O’Shaughnessy (d’ascendance irlandaise, comme Richard D. James) cité par Roald Dahl dans le livre dont est tiré le film, poème qui se poursuit par les mots « And we are the dreamers of dreams », intégralement mis en musique par Edward Elgar en 1912, les titres stimulants élaborés dans ce premier Aphex Twin annoncent un pionnier de l’électro, à l’époque encore assez isolé. « Hedphelym » confirme avec ses beats amortis sous la mer et son clavier strident, cette impression de rêve actif qui rebondit une dernière fois, version techno minimale dans « Actium ». Selected Ambient Works 85-92 est paru en 1992 sur Apollo Records, subdivision Ambient du label gantois R&S Records.

PCO

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