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Pointculture_cms | critique

SKREAM

publié le

Au mitan des années 2000, un « gamin » donne une impulsion décisive à un genre encore balbutiant : le dubstep.

Né en 1986 à West Wickham dans la banlieue est de Londres, le dénommé Oliver Dene Jones (raccourci en Olly), alias Skream, a fait ses classes musicales dans un célèbre magasin de disques (Big Apple Records) où il était vendeur. C’est un musicien et producteur plutôt précoce avec la parution dès 2006 d’un album presque homonyme (au point d’exclamation près). Un des premiers longs formats qui, à la fois, condensent et posent les bases d’un genre apparu dans les quartiers sud de la capitale britannique au début du nouveau millénaire : le dubstep.
Dérivé des sous-genres locaux UK garage et 2-step qui n’ont eu finalement que peu de retentissement au-delà des murs des clubs qui les ont vus naître, le dubstep est un idiome électronique intrinsèquement urbain aux ambiances lourdes, oppressantes et parfois même « science-fictionnesques ». Il tourne autour de 70 BPM et tire une bonne part de sa force et de sa séduction de son appétence pour les basses éléphantesques et les rythmes syncopés, mêlés à une foultitude d’emprunts prélevés aussi bien dans le hip-hop, le dub, que dans la jungle ou au vivier électro/techno/house.
Proche de Benga, un autre pionnier du genre avec lequel il fondera plus tard le duo Magnetic Man, responsable d’un disque sans titre en 2010, Skream sort sa première plaque après un maxi avant-coureur (The Judgement) en 2003. Skream ! s’ouvre sur « Torture Soul » flanqué de cordes (samplées) inquiètes qui vont crescendo, et de percussions en courtes rafales saccadées. Une BO d’anticipation à lui tout seul. Tout un art de pervertir le rythme, de le retenir puis de le relâcher subrepticement comme pour en libérer toute la tension accumulée en de brèves séquences ultra-pressurisées. Exemple parfait avec « Midnight Request Line », son hymne déjà définitif avec ses « claps » qui éclaboussent comme de la boue et ses bruits de guerre. La suite (« Blue Eyez ») tient presque de l’interlude reggae digital (ou filtré ?), avant un « Auto Dub » lesté de basses qui creusent à même le bitume. « Check-it » est du même tonneau mais un poil plus « optimiste » : basses tectoniques et saillies synthétiques guillerettes. Le choc thermique (chaud/froid) se poursuit avec « Stagger » mais bénéficie d’une jolie éclaircie sur un « Dutch Flowerz » rebondissant sur des motifs dub et reggae fondus et détournés. Le jazz s’invite au raout par l’intermédiaire d’une flute – légèrement – soûlante (« Rubben ») avant que l’Anglais ne se barre dans un double trip spatiotemporel (« Tapped », « Kutt-Off ») pour revenir vers son point de départ, la « note bleue » de « Summer Dreams ». Le sample vocal de « Colourful » vient mettre un peu à mal l’unicité qualitative de Skream ! qui se referme sur le très électro « Emotionally Mute ».
Par la suite, l’Anglais se fit plus discret et ne publia que quelques rares EP, offrit une paire de titres en téléchargement libre sur la toile, se plia de bon gré à l’exercice obligatoire du remix (pour La Roux notamment) et de la compile Rinse, avant de revenir par deux fois en 2010. Outre Magnetic Man cité plus haut, Skream s’est fendu d’un Outside The Box qui malgré son éclectisme affiché et sa volonté d’ouverture montre d’inquiétants signes d’assèchement créatif et pire, de très putassières prédispositions à une édulcoration avancée de son travail… Une mauvaise passe ?

Hustache Yannick

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