CUT
The Slits auront partiellement échappé à l’horloge de la décomposition grâce à l’engouement quasi collectif marqué au terme d’une réunion mensuelle réunissant des collègues de la Médiathèque.
Est déclaré disque de ce mois, une « œuvre » vieille de presque trois décennies.
S’engouffrant dans un mouvement punk relativement ouvert aux femmes (Siouxsie, Poly Styrene, The Raincoats, Blondie, Chryssie Hynde…), The Slits affichent une attitude très libre et féministe.
Connu autant pour sa pochette que pour la musique, on y voit dans un style amazone trois filles posant presque nues et couvertes de boue revendiquant leur détermination à se faire une place dans un milieu par trop sexiste. Grande révolution charnelle? Vertus aphrodisiaques de la musique? Les amateurs d’icônes marginales en seront pour leurs frais.
Stridence de la guitare fuzz, mugissements vocaux, rondeur de la basse dont les harmonies s’inspirent directement du dub.
L’album Cut fut produit par les mains expertes de Dennis Bovell, alors producteur de reggae.
À l’époque, punk et reggae étaient intimement mêlés, rapprochant ainsi les communautés blanches et jamaïcaines.
Le National Front (N.F) ainsi que le British Party (B.P) sévissaient déjà à l’époque, heureusement contrés par une campagne menée par le Rock Against Racism (R.A.R).
Cut est un album original et très punk dans la façon ‘foutoir’ de jouer rythmique complexe avec changements de tempo. Chant entre grondements et hululements. Association de la rébellion du mouvement punk avec une rage féministe.
Indocilité et insoumission au système (bien que signé sur une major) sont l’essence même du groupe.
Ensuite, The Slits vivront des moments tumultueux et mouvementés avec d’incessants changements de line-ups qui, brièvement, accueilleront Budgie, Prince Hammer, Don Cherry et bien d’autres.
Alain Bolle