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Pointculture_cms | critique

BEAUTIFUL PEOPLE

publié le

Communément, on prétend que le cinéma nous parle de la
Communément, on prétend que le cinéma nous parle de la vie, du monde dans lequel nous vivons. Ce n’est sans doute qu’une illusion. La plupart du temps,
le cinéma parle du cinéma, ne nous montre que le cinéma, rien d’autre. Il recycle sans cesse ses succès passés, travaille à rentabiliser les mêmes recettes, va chercher ses sujets dans ses histoires et réalisations déjà amorties. Le cinéma, l’art du remake infini. Le cinéma se nourrit de lui-même, en vase clos. On s’en rend compte une fois de temps en temps quand un film vient déranger cette industrie. Quelque chose se déchire et les images nous montrent une partie de notre monde, comme nous ne l’avions jamais vu, comme nous ne l’avions même pas imaginé. La guerre par exemple. On la voit aux actualités, on la voit en direct. Et le cinéma lui-même en a fait un genre bien codifié. Mais montrer comment la guerre qui se déroule là-bas, ailleurs, dans un autre pays - cette distance confortable à la TV - s’infiltre dans la vie de tous les jours, dans notre quotidien, comment elle est là, dans notre rue, ça c’est un point de vue particulier... qui questionne. D’humain en humain, les morts et les atrocités de là-bas finissent par débouler ici, rendre dingue ici aussi. Il n’y a plus de protection. Plus d’étanchéité. C’est le sujet de Beautiful People. Un film secousse. Un vrai film grenade (dégoupillée). La guerre est toujours ailleurs, on découvre ici qu'elle est parmi nous, que le monde est miné par ces hostilités. Les réfugiés, les personnes touchées, abîmées, traumatisées par les conflits, circulent, sont parmi nous. Se réfugient chez nous, forcément. Ils drainent leurs traumatismes, se débattent avec eux. Comment pourraient-ils sortir de la guerre ? Comment vivent-ils et comment vit-on cette proximité ? Ici, un chassé-croisé à partir de l'ex-Yougoslavie. Sur le ton d’une comédie speed, arrachée. Avec dérapages contrôlés dans le drame. La douleur. Toutes les séquelles s'exportent à Londres, plaque tournante des personnages du film : réfugiés des deux camps, journaliste de terrain, politique aux mains propres. Les antagonismes. Les haines. Les traces. C'est explosif, une fois que ça se répand dans le quotidien londonien lui-même bien envahi de problèmes sociaux, autre type de guerre (chômage, précarité, xénophobie, hooliganisme...). Et, par la force des choses, les gens finissent par s'entendre, s’épuiser dans la confrontation quotidienne, entourés de la « vie normale », tout se tasse (dans le film). Plus ou moins. Si le film s’arrête sur un bon moment, et alors les gens sont vraiment « beautiful », il ne fige pas la note positive. La roue tourne. En tout cas la guerre, où qu’elle soit, est affaire de tous.
(Pierre Hemptinne, Charleroi/Mons)

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