NOTKER BALBULUS: SEQUENCES-TROPES-CHANT GREGORIEN [ST-GALL]
Notker Balbulus(ca 840 – 912)
Séquences, tropes & chant grégorien
de l’abbaye de Saint-Gall
Oserais-je vous parler de Notker Balbulus, un moine de l’abbaye de Saint-Gall en Suisse qui vécut au 9° siècle? Il participa pleinement au dynamisme culturel d’une époque si féconde que l’on n’a pas hésité à la qualifier de « Renaissance carolingienne ». Les racines de notre histoire musicale européenne y plongent directement. Quant à Notker, dit le bègue, auteur d’une « Gesta Karoli Magni », il est aussi l’un des premiers « musiciens-poètes » identifiables en tant que tel. Jusqu’à cette date en effet, la production musicale, essentiellement religieuse, restait dans l’ombre de l’anonymat.
Parmi l’ensemble de textes liturgiques repris dans son « Liber Hymnorum » écrit vers 880, se trouvent ses merveilleuses « Séquences ». La séquence, tout comme le trope, est une extension textuelle et/ou mélodique à partir d’une mélodie préexistante. Signant l’émancipation du compositeur, c’est véritablement un acte de création qui annonce le « drame liturgique ».
Vous restituer aujourd’hui les séquences de Notker telles qu’on pouvait les entendre au 9° siècle est bien sûr impossible. Dans les manuscrits de Saint-Gall, les mélodies sont notées dans des « neumes » sans ligne qui ne permettent pas de lecture exacte des hauteurs de son. A l’époque, la transmission orale de ces pièces permettait aux chantres de compenser cette lacune.
De nombreux manuscrits extérieurs à l’abbaye, plus lisibles pour nous ont circulé dans des lieux parfois très éloignés de l’abbaye. C’est en s’appuyant sur ces sources multiples que Stefan Morent a construit sa propre lecture de ce répertoire vénérable. Le choix tout à fait pertinent de présenter certaines pièces en version instrumentaleest une initiative heureuse qui m’encourage à vous inciter à prêter attention à ces compositions, certes plus que millénaires, mais beaucoup plus proche de nous que vous ne pouvez l’imaginer!
Andrée Förster
« …L'alternance de passages en organum (polyphonie primitive) avec le chant à l'unisson des chorals d'origine nous éclaire sur l'aventure fabuleuse qu'a été le développement du langagepolyphonique à partir du X° siècle. Ne vous laissez pas impressionner par l'âge vénérable de ces compositions, elles sont beaucoup plus proches de vous que vous ne vous l'imaginez ! » AF