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Pointculture_cms | critique

ESQUISSES DE FRANK GEHRY

publié le

« J’étais un libéral engagé et j'aimais l'art.Ces deux états ont fait de moi un architecte »Frank Gehry

Le cinéaste hollywoodien Sydney Pollack signe ici son premier documentaire et nous livre un portrait passionnant de son ami Frank Gehry, un des architectes les plus audacieux de notre temps.
Frank Gehry aime tracer des esquisses pour chacun de ses grands projets; c’est par elles que son travail architectural commence. Et c’est ce goût pour les esquisses qui a guidé Sydney Pollack dans le choix du style de son documentaire. Ainsi, prenant comme point de départ ces croquis originaux, le film explore le processus qu’entreprend l’architecte afin de transformer ces traits gribouillés sur le papier, d’abord en matière tangible, maquettes tridimensionnelles réalisées le plus souvent avec de simples bouts de carton et du papier collant, pour devenir ensuite des bâtiments, en titane et en verre, en béton et en acier, en bois et en pierre.
Sydney Pollack attribue à son film - réalisé sur cinq ans et sans scénario - un aspect « esquissé » en tournant sur deux supports différents : pellicule et vidéo numérique. Il filme ainsi en pellicule les courbes extravagantes du Musée Guggenheim de Bilbao, le Walt Disney Concert Hall de Los Angeles, l’Experience Music Project à Seattle ou encore le Poisson de Barcelone. On mesure de cette manière le continent d'abstraction et de travail technique, secret et considérable, qui sépare le geste initial du maître et l'élaboration complète par son cabinet de ses constructions aux formes ludiques et insolites dont l’apparente instabilité étonne. Ces images soignées alternent avec des témoignages de ses principaux collaborateurs, amis ou commanditaires.
L’utilisation de la vidéo numérique est, quant à elle, réservée aux conversations dans l’atelier, sur les chantiers et au domicile de l’artiste. Elle traduit parfaitement le caractère informel et décontracté des dialogues entre les deux amis. Ainsi tout en ayant l’air de se balader avec l’architecte, le réalisateur creuse et affine sans cesse le portrait de cet homme étonnant et attachant. Cependant, on peut regretter que certains sujets liés à la création ne soient qu’effleurés au fil des discussions. Ce qui intéresse Sydney Pollack, ce sont bien sûr les réalisations de Frank Gehry, mais aussi et surtout, ce qu’il a atteint à travers ses grands travaux: un équilibre rare entre art et argent, business et création.

Bien que partial et un peu brouillon, le documentaire se dessine comme une belle esquisse qui nous permet d’approcher agréablement le personnage énigmatique et timide qu’est Frank Gehry tout en nous éclairant sur son processus architectural inimitable.
Catherine Mathy

Note : Ce film n’a rien à voir avec l’évocation aussi dense et vertigineuse que celle à laquelle procédait Nathaniel Kahn à propos de son père, dans le documentaire « My Architect » (DVD – TE7551), commenté dans ces pages le mois précédent.Mais il est une bonne façon, pour les non-spécialistes, de se faire une idée sur l’un des artistes les plus célèbres de notre époque.
 

 

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