AKIYAMA, FRANCIS, KNEALE, NEVILLE, WATKINS
Diverses guitares et ukulélé entrelacés tripes ouvertes,
traversées de divers dispositifs électroniques d'amplifications
ou détournement. Avec zones fusionnelles et zones conflictuelles. Courant
alternatif, brisé, de zones à zones. La musique s'incruste dans
le basculement, des gerbes d'étincelles entre fusion et conflit. Une
succession d'accrochages entre graphes sonores, signatures instinctives des
personnalités musicales en présence. L'empreinte des uns sur les
autres (vice versa). On recherche l'usure des aspérités expressives
tout en cherchant à délimiter un territoire commun. Fossilisation
crissante, aveuglante, réverbérante de petites personnalisations
sonores par lesquelles on se projette, magiquement, dans l'imaginaire collectif,
en y déclenchant une traînée de feu, une déchirure,
une ouverture... Fossilisation vite brisée par les gestes des musiciens.
Progressivement donc, les aspérités s'usent, la matière
sonore se calme, retombe. Quelques grondements, un reste d'intempérie,
des lumières contrastées, antinomiques, comme après l'orage.
Un labourage aigu des horizons. Où l'on constate que la pratique de l'improvisation
n'est pas soluble dans le temps, s'adapte aux époques, à leurs
cultures sonores, trouve des solutions en fonction de l'air du temps, est perméable
aux tensions contemporaines moins directes, plus diffuses. La musique traduit
une autre relation à l'espace, ses incertitudes, ses menaces, ses niches-refuges
fragiles, dans sa gestion des tensions qui surgissent des interactions expressives
incluant de l'aléatoire...
(Pierre Hemptinne, Charleroi)