Sur les routes d'Helvétie, Thierry Romanens y promène, dans le métier, sa bobine depuis douze ans. Variant les saisons et les plaisirs entre humoriste, comédien et, depuis 1998, chanteur.
Il pratique avec la même joie que Cingria - Suisse lui aussi, écrivain amoureux de la petite reine, des vieux bouquins à l'odeur si typique, cosmopolite et vagabond - des escapades littéraires à la fraîcheur printanière. Épinglant avec une allégresse communicative tant d'anecdotes minuscules, tant de chroniques à la poésie imprévisible, il déroule, avec énergie et potentiel, son univers à l'apparence clownesque. «  Car dans ce tour de piste inéluctable qu'est la vie, surtout, il ne faut pas rater son numéro  ». Pour accomplir sans pathétisme quelques pirouettes, il faut certes de la technique. Mais, pour que l'émotion naisse, il faut se donner sans fausse pudeur avec délicatesse, passion et authenticité. Thierry Romanens sait s'offrir, au travers d'une écriture fine, fluide, sensible, axée sur les émois, ceux de l'enfance, des amours; pas de pathos, mais du plaisir. Quelques coups de gueule aussi, quelques mises en garde, des blocs de tendresse déclinés entre balade et rock cocasse. Il est touchant comme Pierrot, enjoué comme Auguste, gouailleur à la Higelin - celui des « Chaussettes à clous » - et de Saint-Germain; bien sur, Sarclo n'est pas loin. Chansons détente, musique à fredonner.

( Brigitte Lebleu, Charleroi)