THIS BLISS
D’ailleurs on peut se poser la question, est-ce qu’il est vraiment question de techno ici, ne s’agit-il pas plutôt d’une forme de pop électronique, de la musique indie sans les guitares, sans la batterie, mais avec des boites à rythmes et des claviers à la place ? À entendre la charge émotionnelle (carrément émo) de ce disque, on sait qu’on est dans ce territoire typiquement allemand délimité d’un côté par le label Kompakt et de l’autre par l’électro-pop d’Apparat ou de Notwist, et que représente très bien le label Dial sur lequel il est paru. Musique d’atmosphère, affective, mélancolique, qui pourrait s’engluer dans une noirceur un peu gothique si elle n’avait pas pour but une certaine ivresse, une certaine félicité, ce bliss qui donne son titre à l’album. En effet, si les rythmiques du disque sont légèrement en retrait c’est pour laisser la place à l’effet hypnotique, doucement psychédélique, des carillons, clochettes, grelots et sonnailles, qui tintinnabulent à travers tout l’album, ricochant d’une oreille à l’autre. Nuancée, sensible, la musique de Hendrik Weber a de plus quelque chose de romantique, de gentiment échevelé et de sobrement extatique, qui l’éloigne catégoriquement de l’easy-listening électronique dans lequel sombre souvent cette démarche. Une production plus proche du dub que de la techno, des cordes somptueuses, des climats lyriques, achèvent de faire de ce disque l’intermédiaire parfait entre la musique à danser et celle à écouter.
Benoit Deuxant