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Pointculture_cms | critique

TRI REPETAE

publié le

En novembre 1995 ce troisième album, où l’accent est mis sur des percussions plus robotiques, où les machines revendiquent plus de place, est en quelque sorte, comme il a été dit, la dernière tentative d’Autechre de poser un acte complètement humain.

L’organisme synthétique et sentimental qui hantait (Incunabula) et Amber est ici sur le point, sinon de disjoncter, du moins de se laisser contaminer par une foule d’implants technologiques qui lui donnent globalement au final un air plus robuste, plus détaché, s’extirpant progressivement de la chrysalide baignée de lymphe des premiers albums. Une impression de métamorphose en cours rythme Tri Repetae qui, d’un morceau à l’autre, hésite entre le relatif cocooning du passé et la démarche affirmée, dynamique d’un nouvel être fier de ses articulations bien chromées. « Dael » se danse sur le ring du boxeur et ses coups répétitifs se prennent dans l’estomac ; sa mécanique un peu lente et brute laisse pourtant filtrer une pensée délicate, une émotion nostalgique sur un clavier dont Autechre a le secret. Régal de sons compressés, déchiquetés sur matelas rebondi de basses obèses. « Clipper » durcit le ton, accélère la marche, martiale, sous un ciel plombé. Toujours sous le signe de la répétition, la rythmique abîmée de « Leterel » laisse voir le cœur chamboulé du mutant. « Rotar » serre les vis et balance un rythme techno franc, acide et précis sur lequel se pose une nouvelle peau ambrée, voluptueusement irisée. Couture de haut vol, aiguilles de claviers agiles pour une polyrythmie jouissive. Une étape cruciale est franchie, hérissant quelque peu les cheveux de l’auditeur. Plongeon dans les abysses de « Stud », un peu le système vasculaire de l’entité avec ses sinuosités, ses échanges de matières, sa double circulation, lente et accélérée, quasi dub. « Stud » est au centre du disque. Retour à la vision externe, articulée où les facultés rythmiques du projet s’affirment, sans grande originalité. Heureusement grisées d’un beau grain de son et secondées par des motifs mélodiques rafraîchissants. Trois morceaux plus loin (les premiers albums d’Autechre font plus de 70’), « Overand » resplendit doucement sous une lumière nouvelle. Presque aplanie, feutrée, cette musique aux percussions plus boisées est une des pages les plus belles du mystère Autechre. Elle ne dit presque rien et pourtant ce qu’elle dit est très clair à condition d’être dans un état d’hypnose avancé. Le songe s’évanouit et un dernier monde est projeté, tout à la fois exotique, ancestral – les percussions ressemblent à du didgeridoo – et singulièrement isolé dans une lumière intense, sous un rayonnement de synthés incandescents. Long générique tribal que l’on quitte à reculons, halluciné pour de bon.
Le design de la pochette est partagé entre le graphisme fonctionnel de The Designers Republic (le studio de Sheffield fondé peu avant Autechre, qui laissera sa patte caractéristique sur la plupart des productions de Warp et dans l’industrie musicale en général) et l’art plastique du vidéaste anglais Chris Cunningham, dont les machines envahiront le clip de « Second Bad Vilbel » tiré du maxi d’Autechre Anvil Vapre paru en octobre 1995.

PCO

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