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Pointculture_cms | critique

INTRODUCTION AU TRICOT MACHINE

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C’est une affaire de famille de Montréal (frère, sœur, beau-frère) qui marche au tricot. Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Une maille de bonheur, une de blues. Une de douceur, une de coup de sang. Et ça gambade tambour battant dans un […]

C’est une affaire de famille de Montréal (frère, sœur, beau-frère) qui marche au tricot. Une maille à l’envers, une maille à l’endroit. Une maille de bonheur, une de blues. Une de douceur, une de coup de sang. Et ça gambade tambour battant dans un imaginaire coloré, laineux et acidulé, entre enfance et âge adulte. Une enfance proche des chansons traditionnelles, de leur imaginaire fantastique, avec une capacité d’émerveillement presque intacte face à un monde qui reste à découvrir. Une maturité qui exhibe sans illusion l’état de sentiments déjà bien éprouvés et soumis à la question, s’aventure dans la stratégie difficile du bonheur, en frôlant la désillusion, en cherchant la philosophie qui fait passer tout ça! Le mélange des deux âges en cocktail chamarré pour se moquer de certains travers d’une nature humaine un peu déconnectée de ses sources, justement, accaparée par des futilités, des angoisses superficielles, des artifices… Ainsi, à propos d’une société de la performance où chacun devrait être le meilleur, intégrer le cercle des « super-héros », voici que se tricote un « Super Ordinaire», super-lot de consolation… Côté musique, c’est frais et direct, disons dans l’ensemble proche d’une pop folk dynamique, brut de décoffrage, parfois quasiment en prise directe sans arrangement, juste au piano, pour laisser passer spontanéité et rugosités. Adéquat pour chahuter, dans plusieurs chansons, tout ce qui touche au nid, cet espace intime où l’on construit la vie commune avec patience et tendresse (« Dans la tanière qui abrite nos confidences/Nous, on a hiberné »), avec inquiétudes (« Devant le château de cartes que j’ai/ Soufflé pour te réveiller/On va changer d’air pour de vrai/ Mon petit cœur t’es mieux de te sentir prêt. »), sans oublier les scènes de ménage (« Mon ménage est foutu/Autant de temps perdu/Laisse-moi balayer/ Les larmes sur le plancher.  »). Tout au long d’une vie qui n’en finit jamais avec ses peurs (« Un monstre sous mon lit »), les moments d’élection sont croqués sur le vif, instants d’amour, bouts d’arc-en-ciel, échappées complices pour s’étreindre et se « trouver l’un l’autre à l’écart de l’agitation, « On s’éclipse du party/La neige crisse sous nos pieds/Les flocons dansent doucement dans le ven t/ Mais c’est pas la faute du temps si je frissonne. »
Tricot machine s’engouffre bien dans les instants de traverse magiques et propose en outre des solutions contre le mauvais temps : « Si tu cherches la bougie d’allumage/Viens mettre ton petit doigt dans l’engrenage. » Efficace quand la flemme des jours de pluie tape sur les nerfs, distille surtout, goutte à goutte, le besoin de l’autre et de sa force pour sortir de la grisaille. Ou, pour le dire autrement, comment deux mitaines de paires différentes, perdues séparément (une de gauche -lui- et une de droite -elle-) se retrouvent aux mains du même promeneur pour filer un amour silencieux dans le froid, belle parabole des hasards de rencontres avec happy end : « J’ai vu que t’étais pas con/T’as vu que j’étais droitière/ On a séché ensemble/ Sur le calorifère ». C’est entre fleur bleue et cœur meurtri, avec cette belle langue énergique nonchalante de Montréal qui enfile l’une à l’autre expressions savoureuses et imagées, poétiques et crues.
PH

 

Selec

 

 

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