TOUT NU
Cette volonté de se délester, de s'alléger, de larguer
les amarres du folk/rock des débuts étayant une écriture
dense et pessimiste se présageait déjà avec l'album Penya
. Voici venu le point d'orgue d'une démarche « authentique »,
d'un abandon volontaire, d'une mise à découvert. Un dépouillement
certain tendant à préserver l'émotion, tendant à
la rendre « naturellement » préhensible, telle la sensation
du chaud de l'été sur la joue, la perception olfactive des moissons.
Tous ces petits riens qui enracinent, rassurent et transportent. Quiétude
élégante sous influences rurales où flottent plus que jamais
les fantômes de Kerouac et des écrivains beatniks. Une appropriation
réussie et prolongée des songwriters ruraux des États-Unis.
Délaissant les guitares électrisées au profit de l'acoustique,
pratiquant avec équilibre l'harmonica et le chant lascif, Xavier Plumas
et son groupe nous immergent dans un blues/folk minimaliste où l'écriture
tranchante sans être bucolique affectionne les réflexions douces-amères, « ces
délicatesses cinglantes » sur les rapports amoureux et les
méandres de ses chemins tortueux. Ce n'est ni Cali, trop enclin à
malmener les Belles, ni Delerm, le gendre parfait, pas assez acide pour Miossec,
aussi brumeux que Murat.
(Brigitte Lebleu, Charleroi)