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Pointculture_cms | critique

MOLOCH: BOOK OF ANGELS, VOL.6

publié le

OH ! QUE CA BOUGE ! N°19 (juillet - août 2007) Musique (CD) Expositions Livres INTRODUCTION Vous avez pu lire, dans la presse quotidienne, même plus besoin de lire les magazines spécialisés, des pages et des pages consacrées à la Documenta de Kassel, […]

Piano solo, (Tzadik 2006)
Interprétation des airs d’inspiration juive écrits par John Zorn pour son aventure Masada. Uri Caines restitue à merveille la « couleur locale », mélancolique, et explore les structures jazz de ces compositions. Il interprète et interroge. Entre fixation de mélodies tournées vers un savoir faire traditionnel et improvisations qui méditent et détournent l’air réfléchi dans le passé klezmer. C’est bien joué, sensible et intelligent, fluide et brillant. Très plaisant. [retour]

 

EXPOSITIONS

Expo KieferAnselm Kiefer, « Chute d’étoiles », Au Grand Palais, Paris.
Kiefer pratique déjà des grands formats, je craignais que son intervention à « Monumenta » ne le conduise à en rajouter, à verser dans le strictement monumental. Il n’en est rien et cela confirme l’intelligence de cet artiste qui sait à chaque fois reproduire les conditions d’émerveillement. Il investit l’immense espace du Grand Palais en y déployant une constellation de hautes chambres neutres, hangars stellaires, (allez, entre la grange et le container géant). À l’intérieur de ses espaces chapelles, vastes mais jamais démesurés, il développe un travail autour d’un vers (I. Bachman, P. Celan), d’un verset de la bible, d’une citation littéraire (Céline)… Peinture, sculpture, installation, Anselm Kiefer joue sur plusieurs dimensions… Le choc est toujours au rendez-vous. [retour]


Photos :

Vision d'ensemble Sternenfall Sonnenschiff Nebelland
VISION D'ENSEMBLE
STERNENFALL
SONNENSCHIFF
NEBELLAND

www.monumenta.com

 

Annette Messager, « Les Messagers » (Rétrospective), Centre Pompidou
Coup d’œil panoramique sur le travail d’Annette Messagers (depuis les premiers ouvrages bricolés mains jusqu’aux grandes installations). Peluches, carrousel aérien, couleurs, fantaisies, tout peut sembler féerique. Les détails corrosifs, inquiétants, n’apparaissent qu’ensuite. Rien n’est gratuit. Ce n’est pas uniquement pour amuser, faire joli et enchanter le regard et le cœur (quoique cette dimension soit certainement recherchée, voire avec un peu de perfidie!). Quelque chose de grave aussi est malaxé dans ce travail fastidieux, obsessionnel, délirant. Parfois replié sur lui-même, grimaçant ou souriant bêtement, parfois en expansion délirante, épanchement imaginaire somptueux, envahissant tout comme une hémorragie (mais aussi avec en point de croix des apparitions étranges, sombres, polymorphes). Messager à BeaubourgPetites manipulations de l’ordre de l’intime, mais cristaux où sont broyés et transcendés une multitude de clichés (cous tordus), ou grandes machineries sublimes à couper le souffle (quelque chose de vaste, de l’étrange intériorité de la femme qui soudain déferle et respire en épousant l’atmosphère comme matrice de tout fantasme). L’artiste travaille une série de questions avec lesquelles il est difficile de tricher. Le sexe, le genre, l’enfermement de la femme (depuis ses proverbes brodés, jusqu’aux accumulations d’effigies, de trophées entre vie et mort) on peut dire qu’elle détruit métaphoriquement, méthodiquement toutes les données d’un enfermement multiséculaire, elle en déplace les lignes du moins. Métaphoriquement: plus vrai que réel. Génialement. C’est un régal. [retour]

 

« LA BALLADE DE PINOCCHIO À BEAUBOURG », (Beaubourg/Forum)

 

 

 

LIVRES

Sciences humaines/ Economie :

Lucien Karpik, « L’économie des singularités », 373 pages, Gallimard 2007
La théorique économique orthodoxe basée sur la régulation automatique du marché selon les mécanismes de l’offre et de la demande ne fonctionne qu’avec des produits pour lesquels les clients peuvent exercer une compétence du choix. En ce qui concerne les produits singuliers, recherchés pour la plus value qualitative, incommensurable, le client est souvent en déficit cognitif et donc la proie facile des techniques de vente. Pour pallier ce déficit cognitif des « dispositifs de jugement » sont mis en place pour conseiller, guider. Ils peuvent être d’esprit lucratif ou non. L’auteur analyse clairement tous ces mécanismes qui nous permettent d’orienter nos choix sur des produits qui rendent difficile de procéder selon des critères objectifs. L’appareil théorique est limpide et attrayant, bien charpenté. Les études de cas bien choisies, éclairantes : par exemple on suit dans toutes ses étapes un néophyte qui cherche à acheter une bonne version d’une symphonie de Beethoven ou l’on se plonge dans le fonctionnement du marché des grands vins. L’attention est portée aussi sur tous ces dispositifs de jugement qui, probablement, aident à choisir vite, sans avoir à exercer d’expertise ou de compétence particulière: les palmarès, les hit parade, les ultra-tops… La stratégie des grandes surfaces et des majors est rappelée selon une remarquable synthèse et l’auteur pose les termes, tenants et aboutissants des questions essentielles: ces stratégies peuvent-elles mettre fin au régime des singularités ?
Un ouvrage capital pour alimenter une réflexion sur la stratégie économique que le secteur culturel doit adopter. [retour]


Littérature/ Roman :

Juan Benet, « Une méditation », 381 pages, (Les Editions Passage du Nord/Ouest) 2007
(Édition originale en espagnol : 1969 C’est le livre qui révèle Benet comme un grand écrivain espagnol moderne, un équivalent de Joyce, Becket…)
Un roman pas comme les autres. Il y a une histoire, un récit, un style, mais c’est aussi un objet, presque une sorte d’installation littéraire (« nstallation » tel qu’utilisé en art plastique), un happening que la lecture réactualise. En fait Juan Benet a écrit ce long chapitre serré sans se relire, selon un dispositif qui lui permettait de taper le texte sur une seule grande feuille qui s’enroulait au fur et à mesure sur son support, empêchant toute relecture, tout travail pour vérifier le sens, la trajectoire, la précision, la logique… Et donc, à la fois on lit une histoire, on admire un style, on jouit de la poésie et de l’autopsie psychologique des personnages et situations, mais aussi on lit une aventure littéraire, on assiste à une performance l’écriture d’un roman sans filet. Et bien sûr, ça déraille, ce premier jet obligatoire, plus on avance dans le texte, plus engendre des effets seconds bizarres, des flous, des perspectives cassées, des actions flottantes…
Pour l’histoire: plongée dans le mental des membres de familles espagnoles qui ont vécu la guerre civile en adoptant des positions différentes, voire opposées : l’adhésion à l’un des camps, l’exil…
Le coup d’œil et l’approche des situations et des mouvements psychologiques se réalisent dans un style très proustien (mais dans un premier jet périlleux).
Jugez-en (l’influence d’un type de prononciation sur des enfants) : « Au bout de plusieurs jours – tout comme cette phrase musicale qui lors dune première audition impressionne davantage l’oreille que le goût et qui une fois entendue semble bientôt effacée de la mémoire qui se refuse à toute tentative de répétition mais qui, plus tard, à un moment insolite (presque toujours quand on descend un escalier) affleure, intacte, pour mettre en évidence les contradictions d’une mémoire qui enregistre et active sans se souvenir ni obéir-, cet accent devait apparaître dans presque tous nos mots pour nous unir par une sorte de prononciation clandestine, un langage chiffré que les adultes remarquèrent sans doute très vite - car cétait une pluie permanente de « bandiit », « gamiin », « mangéé », « bagnooire » - et qu’ils attribuèrent à la tendance et la capacité de l’enfant à transformer en passe-temps un détail qui l’a étonné. » [retour]

Ecrivez-moi : pierre.hemptinne@lamediatheque.be

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