Un trio japonais de choc : guitares, basse, batterie, chant. Deux chanteurs guitaristes : Keiji Haino et Kan Mikami. Ils produisent une musique lyrique, plus inspirée par l'improvisation que par le rock à proprement parler. Le premier titre The sky looks green to me dégage une émotion forte et une tristesse comme celle que l'on peut ressentir avec le flamenco. C'est un album où la force du chant masculin est mise à mal, on y ressent les faiblesses et les failles de la nature masculine et aussi un fort sentiment d'insoumission, un ardent désir d'exprimer sa rage de vivre. La force émouvante du chant dressé contre la fatalité de la vie.
Des guitares, d'une expressivité étonnante, capables de rendre toutes les nuances d'états d'âme de l'anti-héros ou du poète chantant ses quelques vers parfois énigmatiques, comme dans la poésie traditionnelle japonaise. Un jeu de guitare souvent double, l'une égrainant quelques accords clairs, la petite mélodie visible de la conscience, de la surface des choses, l'autre formulant des eaux profondes, plus sombres, évoquant toute la part mystérieuse entraperçue par les musiciens.
Un album plein de sensibilité, marqué aussi par le désir de rendre hommage, de rendre grâce aux éléments ou à certaines personnalités : « … For the roar of the incoming sea, For the north face of Mt. Fuji… ».