ESCAPE PLAN FOILED
Il ne fallait pas tirer de conclusions trop hâtives à l’abandon du « 99 Project » en queue du nom Warehouse. Les Français (passés de trois à quatre unités en effectifs) n’ont pas viré leur cuti chicagoéenne (école Big Black/Shellac) du jour au lendemain. Ils sont, selon la tactique largement éprouvée, allés de l’avant en gardant constamment l’œil dans le rétroviseur. C’est que la poussière cold wave, ça se niche partout au point de faire oublier son existence. Mais aux tests sanguins, vous voilà « positifs » - ou plutôt pour rester dans l’optimisme d’un rock pour lequel le noir est couleur, « négatifs » - contaminés jusqu’à l’os par un post punk naturellement présent dans l’un de ses rejetons, le post hardcore. Certes Warehouse n’est pas aussi atteint en matière de groove clinique et malade qu’El Guapo (devenu Supersystem chez Touch & Go) ou les cintrés de Les Savy Fav, mais sa machine à danser raide plaide pour une réévaluation immédiate de l’importance de feu Sloy dans la méconnue histoire du rock hexagonal « bis ». Des rythmiques obsessionnelles à l’élasticité mathématique qui font à la fois office de nurse (ça fertilise l’imagination, l’infirmière) et de garde-fou d’une tension extrême mais constamment sous contrôle. Et ce, malgré ça et là, les attaques sournoises de quelques ferrugineuses guitares stoner (le terminus « Unemployed/Unemployable »).
Yannick Hustache