WATCHING DEAD EMPIRES IN DECAY
Sommaire
Si vous allez dans notre base de données sur la fiche signalétique de cet album en mots clés vous trouverez ‘Dark ambient’ et ‘hauntology’. Dieu sait que je n’aime pas vraiment les étiquettes (de celles qu’on colle en croyant réellement cerner tout le mystère d’un assemblage sonore, comme si ces différents niveaux étaient commensurables) mais pour une fois j’ai marché un tout petit peu. Il faut dire qu’hauntology intrigue : L'« hauntology », concept fantomatique, inventé par Jacques Derrida, nous permet de relier des répertoires aussi divers que le Dub, les artistes du label Ghost Box ou Tricky. Toutes ces musiques ont en commun d'être hantées par leur passé, par les musiques et les gens qui les ont précédées. Pour eux le passé n'a pas vraiment disparu, il nous suit encore, comme une ombre (merci Benoît). Quant à dark ambient il nous parle de musique bruitiste et industrielle et la formule elle-même fait un peu transpirer.
Par-delà le plaisir des mots j’ai donc écouté le disque et j’aurais pu me trouver dans la bande-son d’un film de David Lynch ou d’un roman gothique qui se passe au cours d’une nuit où les évidences s’estompent pour faire place au malaise ou aux délices de la peur, de celle que l’on éprouve à voir un bon film d’horreur. Et puis voilà, je suis sensible aux mots hantise, obsession, fantôme parce qu’ils ont à voir avec nos espaces intérieurs tortueux et je crois qu’il vaut mieux être toujours prêt à s’y retrouver piégés. Ça arrive.
Alors cette musique… D’une luisance sonore redoutable, pleine d’étirements et de recoins, en même temps anguleuse et aérée, créatrice d’images inimaginables, images de l’inimaginable peut-être, musique paysage gorgée de notre mélancolie mais où toute nostalgie semble tenue à distance. Qu’est-ce qui me fait aimer tout ce trouble ? J’imagine que c’est parce qu’il était déjà en moi. (DS)