HOPE & SORROW
Boucle, citation, pulsation, rature: carré de base de cet album (et de beaucoup d’autres) qui est comme l’axe central habitant le flux mélodique, les couleurs et la profondeur sensuelle des timbres.
Que ces quatre traits qui condensent tout ce qui devait (doit encore souvent) dans la langue «classique» être rigoureusement évité soient devenus le miel du hip hop, du dub et d’une partie des musiques électroniques donne à réfléchir !
Il fallait développer, accompagner les phrases, chaque fois nouvelles, d’une ponctuation discrète pour en souligner les articulations, ne jamais mêler les errements des brouillons avec la rigueur du texte final.
Ici, chevauchements, échos, juxtapositions, retours, accents, arrêts… nous disent autrement le proche et le lointain, la jubilation et la fatigue, le toujours pareil et l’irruption du nouveau. Comme si les termes de ces binômes cohabitaient, à l’inverse, sans médiation, juxtaposés et contraires, mais paradoxalement liés et nécessaires l’un à l’autre.
À l’articulation dans une durée totalisante a succédé la proximité abrupte des différences. Un monde (horizontal) de la maîtrise et de la synthèse a été remplacé par la verticalité des impulsions dispersées.
Musique du battement, disait quelqu’un, entre évanouissement et illumination, accablement et réveil.
Luc Lebrun