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Pointculture_cms | critique

GRIZZLY MAN

publié le

Titre de la chronique : L’Homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours…

Titre de la chronique : L’Homme qui a vu l’homme qui a vu l’ours…

Dans les territoires sauvages de l'Alaska vit l'un des mammifères terrestres les plus puissants : le grizzly. Du haut de ses deux mètres et avec un poids pouvant atteindre les 500 kg (parfois plus), cet ours aux pattes puissantes et aux griffes acérées est un animal sauvage solitaire et agressif.
Tim Treadwell, un écologiste guerrier, américain fou et amoureux de la nature, s'est intéressé à ce superbe animal et y a consacré plus de treize ans de son existence. Tel un enfant insouciant, Tim s'est mis en tête de côtoyer et de filmer de près, de très près même, ce fabuleux plantigrade, au risque d'y perdre la vie. C'est d'ailleurs sans trop de surprise que ses amis et connaissances apprendront sa disparition, ainsi que celle de sa compagne, le 5 octobre 2003, un grizzly un peu bourru ayant décidé d'en faire son plat de résistance.
Hasard ou coïncidence, l'article de presse relatant la mort de Tim Treadwell tombe un jour entre les mains de Werner Herzog, grand cinéaste allemand, rendu célèbre entre autres par ses tournages cataclysmiques dans la forêt amazonienne et qui avait déjà réalisé un documentaire (Ennemis intimes ) sur un autre allumé charismatique, et non moins acteur de génie, Klaus Kinski, avec qui Herzog entama une longue et difficile relation d'amitié et de haine tout au long de sa carrière.
L'histoire de Tim Treadwell l'intéresse au plus haut point, et c'est au travers de centaines d'heures de vidéo que Werner Herzog fait enfin sa connaissance et décide de réaliser le documentaire "Grizzly Man ".
Herzog nous invite donc à la rencontre de « l'homme qui murmurait à l'oreille des ours » (comme l’appelaient les gens de la région), un homme âgé d'une trentaine d'année, à la chevelure étrange, et qui avait pour habitude de partir pendant plusieurs mois par an défier les lois de la nature. Seul avec sa caméra, Tim se filme en avant-plan, commentant les comportements des grizzlys, des scènes naturalistes se déroulant seulement à quelques mètres derrière lui, leur donnant des noms, oubliant souvent qu'il s'agit d'animaux sauvages.
Au-delà de la simple folie, il y a aussi la passion. Tim Treadwell est un acteur raté qui sombra dans l'alcoolisme. S’étant ressaisi, il plongea corps et âme (c'est le cas de le dire) dans la défense de la cause animale. Cette passion aveugle pour la nature lui fit oublier certaines règles essentielles, ce qui lui vaudra d'être très controversé par bon nombre de personnes. D'ailleurs, Herzog lui-même prend un moment la parole pour préciser qu'il n'est pas d'accord avec certains propos tenus par Tim.
Au fil du reportage, on sent la tension s'installer et le drame arriver car… « il ne faut pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué » !
BS


Grizzly Man nous relate le dramatique destin d’un gentil guerrier, Timothy Treadwell.
Cet ancien acteur raté toxicomane a trouvé la voie de la rédemption à travers la nature de l’Alaska et surtout au travers des grizzlys, il les aime jusqu'à vouloir être un des leurs. Et il fut un des leurs… mais un de leurs repas. On ne retrouva de lui et de son amie que des os méticuleusement rongés.
Qui d’autre que Werner Herzog pouvait dresser le portrait de cet aventurier de l’extrême ?
On retrouve dans ce destin tragique la thématique de ses films Aguirre et Fitzcarraldo; la fine limite entre le génie et la folie, le don de soi jusqu’à l’extrême pour une idéologie ou un rêve improbable.
Le film est monté principalement à partir des images filmées depuis douze ans par Treadwell au cours de ses pérégrinations annuelles dans un parc naturel en Alaska.
Treadwell se met lui-même en scène, son style oscille entre film nature et confidences à la caméra, nous montrant tour à tour les gentils plantigrades et les renards qu’il affuble de prénoms, ses coups de gueule contre les vilains braconniers et ses nombreux états d’âme.
Herzog, lui, joue les fins limiers psychologues, il ira interviewer des proches de Treadwell et il retournera aussi sur les lieux du drame pour essayer de comprendre le personnage et ce qui l’a poussé à se réfugier loin des hommes.
Le discours de Werner Herzog tranche avec celui de Treadwell. L’aventurier trouve la nature belle et idyllique, un véritable havre de paix sans aucune animosité, alors qu’Herzog met en exergue la dure loi de la nature et du règne animal et son principe de base, manger ou être mangé.
Ce film colle tellement au style de Werner Herzog, certains protagonistes paraissent si excessifs dans leur comportement (comme le médecin légiste que l’on dirait tout droit sorti d’un film de série B) que l’on en vient à douter de la véracité des faits.
A-t-il été tenté lui aussi de réaliser son Incident at Loch Ness (film canular qui le met en scène partant à la recherche de Nessie) ?
Quoi qu’il en soit, Herzog et Treadwell nous (dé)montrent la nature par excellence, celle des ours et aussi celle de la condition humaine.

TM

 

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