HUMAN ANIMAL
En allant voir quelques commentaires sur Internet, je suis consterné de que l’on y trouve. On ne met en avant que le côté « énorme », surenchère cyclonique, musique terrifiante pour assoiffés de sang! C’est vendu comme une attraction de champ de foire, le truc qui fout la trouille. Le champ de foire est commenté par la presse officielle, les attractions marginales le sont par les voies alternatives, mais le ton et l’approche ne varient guère. Sur le site du festival de Dour on parle de lobotomisation ! Quelle confusion! La lobotomisation s’effectue au niveau du flot de musiques fadasses. Wolf Eyes, c’est le genre de musique qui réveille, donne envie d’échapper à la lobotomisation. Il ne faut pas évacuer la dimension critique et politique de ces musiques, même si ça fait pédant d’en parler ! Politique dans le sens où Rancière parle de « politique de la littérature ».
Wolf Eyes se laisse piéger par une certaine outrance, le goût pour la dramatisation, la théâtralisation noise, l’exploitation facile de la violence sonore, mais c’est aussi une musique intelligente, travaillée, sensible. À la manière de Lautréamont. Il est intéressant d’écouter « Human Animal » dans la continuation de « Panic » de Jazzkammer. Il y a une progression, « Panic » travaille sur l’implicite, la propagation irrationnelle d’une panique inexpliquée, « Human Animale » libère de l’inexprimable…