SILMIDO
Séquences en montage alterné : 1968, un commando de Corée
du Nord attaque Séoul pour assassiner le président de Corée
du Sud; un assassin envoyé par un clan maffieux tente de tuer le
parrain du clan adverse; destruction de l'un, arrestation de l'autre et condamnation
à mort. Musique aux accents héroïques… Cut !
Un groupe de trente-trois hommes, meurtriers condamnés à mort,
est mené en bateau vers un lieu d'entraînement secret, l'île
de Silmido. Ils vont en baver pour sauver leur vie, retrouver leur dignité,
et être prêts pour leur mission : couper la tête du président
de Corée du Nord, Kim Il-Sung. Sadisme des instructeurs, exercices extrêmes,
tirs à balles réelles, reptations dans la boue sous une grille
de barbelés, marche sur une corde au-dessus d'un chaos de roches, brûlures
au fer rouge, cadences infernales, hommes ramenés au niveau de la bête,
jeux guerriers, sexualité exacerbée, accidents mortels…
Sport pour tous aux frais de l'État ! Chants patriotiques hurlés
sur l'air de Ce n'est qu'un au-revoir … et de Mon beau sapin
(humour ?). Et dire que certains, en voyant ce film, rêveront
d'y être !
Montage musclé, musique en accord, utilisation intelligente de la lumière
et des décors naturels.
La seconde partie du film est davantage consacrée à l'évolution
des psychologies et des caractères en fonction des modifications apportées
à la situation initiale. Les comédiens, tous logés à
la même enseigne, se montrent très expressifs dans la révélation
de leurs états d'âme, et leur jeu devient fort émotionnel.
Ces hommes sans identité, privés de famille, entraînés
pour être des armes humaines, pour ne plus penser (car c'est mal), sont
trahis par leurs supérieurs et se révoltent. Après avoir
inscrit leurs noms du sang de leurs blessures sur les parois d'un bus volé
où ils sont retranchés, leur fin sera terrible, simplement héroïque.
Le thème musical prend des accents de marche funèbre… Bonus
très intéressant où tout est expliqué sur les tenants
et aboutissants de ce drame tiré du réel, et sur les parti-pris
cinématographiques du réalisateur qui voulait concurrencer Hollywood
et eut un blockbuster en Corée du Sud.
PC