FORET (LA)
La Forêt , quatrième album studio de Xiu
Xiu se pose comme un ambitieux opus de pop arrangée et orchestrée.
Méfiance, méfiance : un tel programme peut faire craindre
le pire ! Dans ce genre d'exercice de haut vol, pour un Mark
Hollis ou un Scott Walker, combien de présomptueux Icares se
brûlant les ailes d'avoir trop voulu regarder le soleil dans les yeux ?
Même si ces onze chansons de pop expérimentale risquent d'être
à la fois trop lyriques pour certains défricheurs de musiques
en recherche et trop tordues pour les goûteurs de belles mélodies,
c'est précisément dans ce grand écart assumé, dans
cette béance revendiquée, que se blottit le cœur palpitant
de cette musique. Une voix - celle de Jamie Stewart, qui n'est pas sans
rappeler celle de Mark Hollis, justement - précieuse, précise
et haut perchée, susurre puis, tout d'un coup, hurle, sans crier gare
des textes autobiographiques jamais franchement roses. La musique qui combine
électronique, violoncelle, harmonium ou vibraphone assume le déchirement
des amours partagées - songwriting américain, electropop,
musique contemporaine, beats techno, déflagrations électriques -
sans jamais trop chercher à cacher ses points de suture. Un des « monstres »
les plus humains de la pop contemporaine.
(Philippe Delvosalle, Dép. Fiction Documentaire)