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Pointculture_cms | critique

WOMEN AS LOVERS

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Une suggestion pour ce disque : commencer par le titre le moins fort, ou plutôt l’incongru, le morceau qui fait se prendre les pieds de l’auditeur dans le tapis, une reprise sans queue ni tête du « Under Pressure » chanté en son temps et en binôme par […]

Une suggestion pour ce disque : commencer par le titre le moins fort, ou plutôt l’incongru, le morceau qui fait se prendre les pieds de l’auditeur dans le tapis, une reprise sans queue ni tête du « Under Pressure » chanté en son temps et en binôme par feu Freddie Mercury et David Bowie. Le taciturne Michael Gira (Swans, Angels of Light) et un épileptique ou bavard saxophone tapent l’incruste à qui dézinguera cette scie au mieux. C’est drôle, mais significatif de ce qu’on s’était un peu mépris sur le compte de Jamie Stewart, Xiu Xiu presque à lui tout seul. Un type qu’on imaginait faire du folk la nuit dans les labos du label Warp (Autechre, Boards Of Canada…) et à qui il vient une idée sonore toutes les cinq minutes ! Un drôle de coco qui ne fatigue jamais (un disque par an sans forcer sous son nom) et qui a ses petites habitudes, comme s’inviter et se faire inviter - et plus rapidement qu’à son tour - sur les plaques des autres (Parenthetical Girls, Dead Science…) ou de se fondre pour quelques temps au sein d’une entité composite (voir son projet XXL en compagnie des Italiens de Larsen).

Mais jusqu’ici, fréquenter Xiu Xiu ou Stewart, c’était comme prendre un aller simple pour la visite guidée d’une psyché passablement dérangée ou confondre caisson d’isolation avec cellule capitonnée; le chaos et l’ordre ont bien leur logique propre, mais c’est toujours une question de point de vue!

Et puis là, avec ce « Woman As Lovers » c’est l’éclaircie, le marchepied miraculeux qui permet d’enjamber plus facilement ces mélodies striées, tourneboulées, pétries d’empoignades instruments/machines, de douceurs invisibles et de blessures indicibles, d’incantations païennes et de mélopées amoureuses.

Notre homme n’est pas quitte de ses obsessions, la pochette seule en témoigne ainsi qu’une bonne part des titres, marqués au fer par la lecture d’un bouquin de Jelinek (de 1975) sur la violence inhérente aux relations hommes/femmes et auquel cet album a emprunté l’intitulé. De même, l’Américain évoque à mots couverts toute la difficulté de l’acceptation par les proches de la réalité d’un suicide accompli.

Mais depuis « The Air Force » (2006), c’est comme si Xiu Xiu avait décidé de dire les choses à quelqu’un et non plus, recroquevillé sur lui-même, à son reflet dans le miroir et de transformer ses faux délires musicaux en épopées intérieures. Le suivrez-vous ?

Yannick Hustache

 

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