INCIDENT AU LOCH NESS
La probabilité de retrouver dans un même film le monstre du Loch
Ness, Werner Herzog et un cryptozoologiste semble aussi mince que farfelue.
Mais le cinéma possède cette capacité souveraine à
créer des rencontres moins crédibles qu'inattendues.
Werner Herzog termine les préparatifs de son prochain film : Enigma
of Loch Ness , alors qu'au même moment John Bailey réalise
pour sa part un documentaire sur le cinéaste : Herzog in Wonderland
. Entraînée pour la cause sur le tournage en Écosse,
l'équipe de Bailey va filmer le quotidien d'une production pour le moins
chaotique. Manipulations, humour et jeux d'intérêt s'entrecroisent,
s'entrechoquent pour engendrer cette œuvre de faussaire digne des plus
grands contrefacteurs. Vrais scientifiques ou faux acteurs, producteur bidon
ou escroc génial, tout est mis en place pour engluer le spectateur dans
une réalité factice des plus réelles.
Coincé quelque part entre This is spinal tap (
), Forgotten silver (
) et Lost in la Mancha (
), ce vrai faux documentaire explore en toute liberté l'interstice
ceint entre vérité et mensonge. Bien plus qu'un simple jeu de
mystification, Incident au Loch Ness se sert de la supercherie qu'il
élabore pour dénoncer un système pervers et manipulateur :
celui du cinéma et de son mode de production. Le jeu consiste à
démêler le fil de la réalité en s'appuyant sur le
simple crédit que l'on donne à l'un ou l'autre intervenant. Comme
le disait si bien Orson Welles, maître incontesté de l'arnaque :
« L'art est un mensonge qui fait comprendre la réalité ».
MA