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Pointculture_cms | focus

20 ans du Magasin 4 - jour 1

publié le par Constantin Papageorgiadis

Yannick Hustache suit de près les festivités - Spagggestta Orghasmmond / Vitas Guerulaïtis / The Ex / L’Enfance Rouge

Sommaire

Les 20 ans du Magasin 4 jour 1 (où comment un « pointcultureux » (ex médiathécaire)  qui a passé de mauvaises vacances musicales, a retrouvé son antre bruxellois favori après deux douloureux mois d’abstinence…).

On ne va pas retailler le portrait du Magasin4, le meilleur et surtout le plus méritant des clubs rock (et plus) de la capitale bruxelloise situé – pour ceux qui l’ignoreraient encore – avenue du port 51B à 1000 Bruxelles, juste en face de Tour et Taxi. Mais après un été, comme d’habitude en mode hibernation côté salles, et des festivals pour la plupart désespérants de monotonie consensuelle, radins comme pas deux en découvertes, on avait vraiment besoin d’une rentrée qui remette un peu les tympans en place et remonte le mercure de notre enthousiasme à un niveau acceptable.

Surtout que comme annoncé, ces vingt années d’activisme musical et de propositions tous azimuts et vraiment issues des marges sont fêtées dignement. En actes et en paroles tant l’affiche est alléchante, variée, à la hauteur de quasi toutes les bourses (tellement rare qu’il convient de le souligner), et surtout (enfin) répercutée de manière plus visible dans les médias (surtout la presse, les blogs, radios associatives) par une équipe entièrement bénévole, et jamais en carence d’entrain festif !

La fiesta a donc connu son tour premier de chauffe ce samedi 30/08. Spagggestta Orghasmmond, improbable duo zinneke  qui s’évertue à pervertir toujours un peu plus quelques bonnes antiennes rock’n roll à coups de vagues d’orgues Hammond et de saillies humoristiques douteuses, comme ces duos de kermesse qui massacrent copieusement le répertoire de leur modèles, sauf qu’ici, c’est pour rire ! Mais on n’en saisit que des bribes, profitant des portes, pour une fois, grandes ouvertes de cet entrepôt fait salle, et de sa terrasse avec point de vue sur le canal et renouer contact avec habitués, vieilles connaissances un peu perdues de vues ou simplement débarqués d’un soir.

Les choses sérieuses débutent avec Vitas Guerulaïtis, trio français ( ?) égaré à Bruxelles depuis un petit paquet d’années et responsable d’un album éponyme (2011) chez Cheap Satanism Records. Une guitare, un clavier et un batteur qui tracent sans discontinuer les traits raturés d’un rock infantile et bruitiste, aux angles obtus et aux harmonies vocales cintrées : de la no wave pour cour de récréation, ou encore du prog/noise éclaté et sautillant à la God Is My Co-Pilot. Mine de rien, derrière l’apparence de chaos sonore, VG  montre une fois de plus de redoutables prédispositions tant en matière d’équilibrisme formel précaire, que dans celui de l’absurde en tant que source inspirante.

Duo français basse/batterie à l’existence mouvementée, Gâtechien revient après une éclipse de quelques années dans une forme (para)olympique. Autrement dit, ça déconne pas mal et débite un rayon d’inepties et de feintes presque pourries, mais ça envoie le bois d’un post-punk noise au groove venimeux comme personne. A la surenchère rythmique et technique de Lightning Bolt ou de leurs compatriotes de Pneu, Gâtechien répond par des circonvolutions pernicieuses de basse/batterie complices, et qui ordonnent instantanément au corps de se mettre en mouvements, le plus souvent, en mode démonstration  d’une danse de Saint Guy ! Et avec quelque chose d’intrigant dans le phrasé (avec accent frenchy, of course !) de ces vocalises apeurées en plus. Et une mandale, une !

Déjà à l’honneur lors de la réouverture du Magasin 4 en 2009, The Ex est certainement, tant par l’intransigeance inventive de ce rock tranchant et insubmersible, que par leur démarche sans compromission commerciale, même après plus de 25 ans de service, l’équivalent ou la traduction scénique de l’esprit et de l’énergie qui animent le lieu. Si le groupe est une expérience de scène réjouissante presque à chaque coup, c’est aussi parce que les Néerlandais, non comptant une énergie délivrée sans calculs, aiment à s’entourer de collaborateurs ponctuels venant d’horizons sonores des plus variés (musiques improvisées ou ethniques, jazz, de groupes amis...) qui viennent à chaque fois s’emboîter (sans douleur) dans leur dispositif serré guitares (2), basse , batterie, et/ou éclairer d’un angle inédit ce (post) punk/noise endurant et toujours redoutable. Ce samedi, c’est le saxophoniste U.S. tendance jazz free, Ken Vandermark qui vient mêler son phrasé vibrant dans de courtes mais constantes interventions (et parfois au moyen d'une clarinette), qui apportent une dose de rugosité granuleuse dans la tension, ou se posent en contre-pied éruptif, qui souligne toute l’amplitude de ce rock qui préfère, l’improvisation maîtrisée à la démonstration technique, la précision et le tranchant (des grattes) à la lourdeur pataude, les chorégraphies mélodiques personnalisées aux hymnes de stade, les rythmes syncopés (ah le jeu de batterie sans égal de Katherina) aux cavalcades faciles. On admire une fois encore leur complicité scénique et on mesure la pérennité (in)tranquille de leur chansons/hymnes (les titres de « Catch My Shoe » en menu de choix) qui se fredonnent sans mal, se dansent aussi et ne s’oublient jamais. Double mandale (trop courte) du jour !

Passé dernier pour cause de retour au pays immédiat pour The Ex et arrivé sur le tard, le trio franco-italien l’Enfance Rouge avait l’ingrate tâche de terminer cette journée, qui plus est après le raz-de-marée The Ex. A son avantage sur scène, y compris dans ses collaborations les plus inattendues (le groupe s’est produit avec des ensembles de musique arabe en 2008/9), le trio noise indus (à l’ancienne) semble malheureusement en petite forme et à peine capable, ou seulement le temps de trop furtifs instants, de retrouver le niveau de tension menaçante et de puissance, voire de classe qui est d’habitude le sien. Ainsi, son guitariste chanteur (François Cambuzat) passe sans férir de la surenchère (alors que sa guitare est inaudible dans le mix en début du set) à la maladresse (ce discours de fin…).

C’est un peu dommage, mais on les rattrapera un de ces quatre ! Pour l’heure, il est temps d’aller  s’allonger dans les bras de Morphée !

YH

 

Photos : Séverine Bailleux (merci à elle !) :

Pour en voir plus : http://cabarousse.tumblr.com/

 

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