20 ans du Magasin 4 - Jour 10
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Les 20 ans du Magasin 4, jour dix (ou comment j’ai vécu la meilleure journée des 20 ans. Jusqu’ici, tout va bien !)
Malgré le forfait annoncé d’Ultraphalus, on ne peut pas dire que l’on été en deçà du quota de décibels promis par les généreux donateurs électriques de ce soir.
Lapin Cru ouvre le bal des sourds depuis la fosse. Une évidence pour ce duo guitare batterie logiquement apparenté au math rock noise, sans et trop traces de prog apparentes dans son pédigrée. Plus Chevreuil ou Room 204 que Lightning Bolt ou Pneu dans les faits, et plus enclin donc aux riffs croisés et aux syncopes rythmiques qu’à l’hyperkinétisme supersonique, Lapin Cru manque encore un peu de consistance dans sa chair trop tendre, et d’assaisonnement personnalisé pour dépasser le stade de vague promesse du genre. « Cours lapin, cours ! »
Presque « vétérans » à leur insu d’une (squelettique) scène belge noise & post-hardcore 90’s et basés à Mouscron, les quatre d’Adolina affutent leur rock cousin de feu Unwound ou Chokebore d'angles d’attaque plus aigus que par le passé. Une évolution doucement perceptible (dans le jeu du nouveau batteur notamment) dans ce rock sous haute-tension perpétuelle, habilement écartelé entre les arpèges complices de ses deux guitaristes (et dont l’un pratique l’air guitare sans oxygène depuis Mathusalem), mais qui souffre parfois aussi d’un manque tout relatif d’originalité et de quelques pointes d’accent «f rancophone » ennuyeux. Mais rien de grave.
Le son monte de deux crans en quelques secondes quand les Anglais d’Hey Colossus s’emparent de la scène. Ce groupe à géométrie variable (Tim Cedar de Part Chimp a frappé leurs futs pendant quelques temps) autour d’un noyau immuable, creuse son noir sillon fangeux entre rock metal « doomesque » aplatissant, noise rock offensif et dérives psychédéliques insolites. L’actuel quintette opère cependant une mue graduelle des plus intrigantes, offrant à son duo de vocalistes davantage de parties « claires », et à ses musiciens des tours et détours toujours plus vertigineux dans leurs ascensions progressives. Mais miracle, même à l’acmé de leur toute-puissance assourdissante les chansons gardent fièrement leur ligne de tracé mélodique, se pliant de bonne grâce aux accès de colère atrabilaire obligatoires, comme aux lents processus de délitement pas nécessairement synonymes de retours au calme, orchestrés de main de maitre pas un groupe qui sait jouer de tous les registres existants, du moment qu’ils mènent à l’hypnose, voire à la transe. Et une mandale sur la joue gauche !
En stand-by discographique depuis 2009 (le vraiment effrayant Thriller), Part Chimp ne s’est réellement mis en veilleuse concerts que durant 2-3 ans, le temps pour son homme à tout faire (chant/guitare/batterie) au lourd passé coupable (dans Penthouse, Action Swingers, Ligament…) de leader (Tim Cedar, on le répète) de retrouver sa légendaire niaque. Et c’est peu de l’écrire. Car non seulement Part Chimp est revenu au faîte de sa puissance sonore destructive, mais quelques inédits d’un disque à venir sont également au programme et se glissent come des vieux potes entre les « classiques » tirés de ces quatre véritables albums. Pour le reste, ce heavy noise rock charnu et tintamarresque, dégoulinant de feedback goudronné et prend parfois l’apparence et la texture d’un stoner/sludge débarrassé de ses colifichets artificiels et démonstratifs. On tape sans arrêt du pied (fabuleux et séditieux « 30,000,000,000 people ») et on fredonne ces vrais hymnes de rupture, ces encoches mélodiques pratiquées à l’arrache dans un mur de guitares touffues et menaçantes, ces chansons retorses tabassées et maintenues attachées en zone rouge auditive, mais dont on se souvient du moindre couplet, de chaque refrains comme sous l’effet maléfique d’une heureuse malédiction. Mandale sur la joue droite. C’est peu dire qu’on a aimé ça, cette paire de gifle, la plus belles marque visible (avec quelques acouphènes aussi) de ces mirifiques 20 ans du Magasin 4. Il y en aura certainement un paquet d’autres derrière !
YH