20 ans du Magasin 4 - Jour 13
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Les 20 ans du Magasin 4, jour 13 (ou comment j’ai appris pourquoi il n’existe pas d’espèces de manchots japonais !)
Une soirée un peu particulière puisque placée sous la bannière (flottante ?) un peu pompeuse de (« Welcome to the ») Japanese NewMusic Festival, répété à l’envi tel un leitmotiv guerrier rassembleur par chacun (et/ou en chœur) des protagonistes de ce soir. Pourtant, ils sont 3 à tout casser sont alors que d’habitude ils officient à cinq – les dénommés d'Atsushi Tsuyama, Makoto Kawabata et Tatsuya Yoshida si mes renseignements sont exacts – relevant de la galaxie Acid Mothers Temple, et s’offrant à nous sous sept ( !) configurations particulières, annoncées comme suit Ruins Alone, Tsuyama Atsushi Solo, Zoffy, Akaten, Zubi Zuva, Psyche Bugyo (Tsumaya’s Psychedelic judgement), Acid Mothers Temple SWR…
Ce Japanese NewMusic Festival débute par le set hyper-technique d’un batteur solo situé à la charnière stylistique virtuelle du jazzcore, du prog’ et de la musique improvisée. Les autres intervenants le rejoignent ensuite, et cette soirée qui prend rapidement la forme ultra-composite d’une succession de mini prestations enchaînées sans répit aucun, mais toujours dans une atmosphère étrange et décontractée, où chaque musicien s’essaye à autant d’instruments (basse, batterie, guitares, flûte à bec, claviers,…) que lui autorise l’horizon des combinaisons probabilistes appliquées au chiffre trois (ainsi qu’à deux et à un...). De quasi saynètes musicales par leur brièveté brute, où rock psychédélique, relents de folklore nippon, jazz prog’, digressions purement expérimentales et antiennes (hard) rock 70s revisités, et boostés, s’agrègent sous nos yeux et dans nos oreilles un puzzle sonore tourbillonnant aux pièces et couleurs innombrables, et dont le dessin final, éternellement recommencé, nous échappe jusqu’au bout !
Nos trois bonshommes, plus vraiment très jeunes dans leur corps, ont de fabuleux beaux restes et la sagesse nécessaire de ne pas se laisser entraîner dans de trop péremptoires démonstrations virtuoses. Qui plus est, ils font valoir un sens de l’humour un poil potache quand ils s’adonnent, par exemple, à l’exercice périlleux du canon vocal avec une prestance qui les disqualifierait dès les éliminatoires de n’importe laquelle des émissions télé de dépistage de karaokés humains interchangeables…
Mais le revers de la médaille à pareil type d’exercice formel spiralé est cette difficulté inhérente et paradoxale de se laisser prendre totalement dans les rets d’un système fuyant et insaisissable par essence, et qui se reconfigure sitôt que vous pensiez avoir fait vôtre les paramètres de l’instant présent.
Maintenant, je me sens d’attaque pour une représentation de Nô !
Chiche !
YH