20 ans du Magasin 4 - Jour 14
Sommaire
Les 20 ans du Magasin 4 jour 14 (ou comment j’ai appris qu’il ne faut jamais se fier aux tourneuses douteuses d’un choix de nom de groupe « imagé»)
Une fois n’est pas coutume, on rejoint notre antre de concerts favori avant la clôture du premier set ! Un exploit !
Duo local monté autour de deux vieux routiers des circuits musicaux plus ou moins alternatifs (si ce terme a encore un quelconque sens ?), Anal+ s’organise autour de Pierre-Jean Vranken et de Jean-Jacques Duerinckx. Le premier tend à rester assis et rudoie pas mal sa guitare dont le râle électrifié passe par quelques filtres électroniques tamiseurs, tandis que son complice joue alternativement, ou en même temps, du sax (baryton) et d’une gamme variée de dispositifs cybernétiques ou synthétiques. Au final, on hérite d’une musique bruitiste vaguement hallucinatoire, pour partie improvisée, parcoure de saillies free sur fond de remugles industriels. A vrai dire, on est modérément enthousiaste et parfois ennuyé par ces trop fréquents faux-plats de parasitages un tantinet gratuits. A revoir.
Improvisation toujours avec un trio transnational basé à Amsterdam, œuvrant aux confins du free/jazz/noise/core et de l’expérimentation instrumentale directe. Albatre débite une musique instable par nature, parfois oppressante où sax, basse et batterie se toisent, s’affrontent où cheminent un cours moment ensemble avant de se séparer sur trajectoires géométriques, sécantes ou non. Bluffants de maîtrise technique et visiblement habités par l’envie d’en découdre autant que de se faire plaisir, les trois hommes n’évitent cependant pas une fin de concert peu à peu gagnée par cette forme d’isolationnisme musical impavide caractéristique de bon nombre de praticiens de la chose. Dite « cheese » de temps en temps à l’objectif les gars, ça vous détendra !
La suite tiendra heureusement toutes ses promesses avec Child Abuse. Un trio étasunien déjà actif depuis une paye (un trio d’albums et une kyrielle d’EP et de singles à porter à leur passif discographique), et cas rare (unique ?) recensé de grind/noise/prog/jazz et tutti quanti (et sans guitare !)… Autrement dit, ça change de rythme toutes les deux mesures et demie, imite le chant mongolien à la perfection avant de concurrencer le cri du porcin poursuivi par une meute de clebs affamés, ça maltraite son synthé avec la délicatesse d’un cérémonial bondage & SM, et ça redonne tout son sens au mot épileptique. On pense parfois à un avatar bâtard et vaguement « progueux » de ces autres fêlés du bocal que sont The Locust, ou encore Daughters. Mine de rien, entre ces sprints sur pentes glissantes et ces jeux de marelle rythmiques pervers se glisse quantité de plans qui font dodeliner les têtes et remuer des fesses et même quelques embryons de mélodies crève-tympans aussi brèves qu’inattendues à pareil endroit.
Extrême, surprenant et drolatique quelque part, on promet aussi de ne pas refiler leur nom à une quelconque organisation bienveillante de type Child Focus. Les vrais pervers ne se planquent jamais où on le pense !
YH