20 ans du Magasin 4 - jour 2
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Les 20 ans du Magasin 4, jour 2 (où comment je me suis laissé entraîner dans une soirée festive un peu étrange…)
On ne le dira jamais assez, et même si on ne respecte plus beaucoup les commandements de Dieu à propos du dimanche (en gros, « faites les feignasses le dimanche, je vous y autorise »), se rendre en milieu d’après midi à un concert demande des efforts surhumains, qui plus est, un lendemain de « première »).
On fera donc l’impasse sur Coquins (déjà vu auparavant), un duo chansonnier electro-mystique et « dardennien », et sur Krakoussas, un quartet assourdissant qui selon les dires, ferait un raffut à vous débarrasser à la fois de Gargamel et des schtroumpfs !
Du boucan, du sale, de l’aigu, qui décape et balance la sauce (andalouse ! Véridique !), Constitution Anale accueille le quidam en repos dominical et le plonge immédiatement dans un grand bain de dissonances crasses et de gargouillements de porcins à l’abattoir. Quatuor « maison » guitares/basse/cris (au line-up fluctuant) déguisé comme à une guindaille en fac vétérinaire, il a pour unique projet de faire un max de raffut, de recréer les conditions d’un happening bruitiste, glauque sexuel et jouissif, offrant maints acouphènes tenaces à titre de témoignages (dommages ?) physique à ceux qui ont osé s’y risquer.
Plus organisé, le vacarme de La Pince, quartet de Français d’ici (avec un ex Casse Brique derrière les fûts) trouve son chemin entre un rock noise ‘90s syncopé à la Jesus Lizard/Penthouse/Arab On Radar, et sa correspondance actuelle (Doomsday Student, Stnnng…), lesté d’un soupçon de math-rock (Don Caballero, Hella) dans les rythmiques. En net progrès par rapport à l’an dernier (à Mons), il assure le spectacle (tout comme Constitution Anale), directement dans la fosse, au milieu du public, mené par un vocaliste show man incontrôlable et drôlatique, secondé par un groupe qui se rattrape de ses petits manquements techniques en se saignant littéralement les doigts !
A la croisée de disciplines étroitement liées au corps et à ses transformations « directes » (musique, tatouage et piercing), TAT2NOISACT essaie de concilier l’exercice du live, happening esthétique (les musiciens se font tatouer dans le feu de l’action), et approche réflexive. Au final, on ne pige que pouic à cette jam session prog/noise ni très sauvage ni très aboutie, un peu longuette et bavarde, et qui achève de me convaincre que tatouages, piercings & Co, on vit très bien sans et que parfois, ça fait juste « sale » !
Et puis la tête d’affiche de la journée, ce Jean-Louis Costes, écrivain, musicien et de fait, une espèce de performer mi-Alan Vega (Suicide) mi-Virginie Despentes et qui, selon son auteur, écrit « des opéras porno-sociaux », qu’il interprète le plus souvent seul en scène. De fait, ce mariage entre courcircuitage électronique, dissonances brutes (à la White Noise ?) et textes obsessionnels où la scatologie le dispute à la crudité et (souvent) à la violence du propos peut laisser perplexe ou indigner. Mais rien que pour l’obstination, la défiance totale face aux diktats du beau, du cool ou de la bienséance, ainsi que l’énergie sans calcul que place le personnage dans son travail, font de l’un de ses « spectacles », une expérience de confrontation à vivre au moins une fois.
Et merde !
YH