20 ans du Magasin 4 - Jour 6
Sommaire
Les 20 ans du Magasin 4 jour 6 (ou comment j’ai assisté à une soirée « presque » dansante au Magasin 4)
Malgré une application « plus souple » du curfew (22 heures tapantes en semaine d’habitude) en cette fin d’été à la fête du côté du canal de Bruxelles, on arrive tout de même un poil trop tard pour Ripit dont on entendra in extremis l’ultime râle bruitiste terminal
.
Premier plat de résistance de ce raout bien consistant en saturations sonores et suppléments DB non autorisés, Germanotta Youth est un duo (autrefois trio) « cyber-indus-math-grindcore » issu de la botte italienne et dans lequel on reconnaît Massimo Pupillo de ZU. Une formule batterie/machines qui repose aussi sur la confrontation de deux générations (le bourreau des fûts a dans la petite vingtaine, et Massimo plutôt dans la trentaine finissante). Un bel OVNI supersonique à deux compartiments. Un bloc propulseur humain terrifiant de puissance tellurique (D-beat, double pédale, cassures et syncopes rythmiques instantanées) er de vélocité infernale. Et une cellule electro terroriste qui répond du tac au tac par des gerbes de grésillements magnétiques et de scories et crépitements cybernétiques. Un androïde instrumental moitié Ben Frost, moitié The Locust. Reste que l’usage systématique de la double pédale produit rapidement chez votre serviteur un effet de trop plein et d’ennui irrépressible que ni les plans virtuoses en saccades ni le bel échantillon de shrapnells de bruit blanc n’empêcheront de s’installer…
La suite se nomme Cut Hands soit la moitié du duo indus séminal Whitehouse sur un versant electro/afro-noise (dixit la bio). Autrement dit une dance music pas nette, sombre, stridente, qui vise à atteindre in fine une espèce d’état de transe bruitiste et d’extase saturée. Du vaudou (d’un âge respectable) « à l’occidentale » en somme, qui s’appuie aussi largement sur des visuels au caractère flou et sépia appuyé. A l’examen scénique, on cherche encore les connexions tribales africaines ou caribéennes, mais on se laisse volontiers prendre au jeu de cette electro-techno aux scansions rythmiques très marquées, de vrais petites rangées de marteaux-pilons à la résonnance métallique appuyée (très EBM’80’s) et travaillant de concert, et certainement les plus reconnaissables des relais-témoins puisés dans l’héritage de ce zélote sonore. Autre bon point, ces montées acides sinusoïdales habilement espacées entre deux faux plats ombrageux, et négociées avec un timing parfait et maints effets sonores psychédéliques discrets en sus ! Et au final, une étrange sensation de vertige, non pas que l’on ait entrevu quelques lueurs d’un improbable Nirvana synthétique et primitif, mais plutôt d’avoir écouté une electro-techno dont les racines dépassent encore de son terreau industriel et cacophonique originel !
YH