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20 ans du Magasin 4 - Jour 7

publié le par Constantin Papageorgiadis

Yannick Hustache suit de près les festivités - [P.U.T] / Pneumatic Head Compressor / Hint

Sommaire

Les 20 ans du Magasin 4 jour 7 (ou comment j’ai assisté à une soirée « batteurs non admis »).

 

A y regarder d’un peu plus près, les trois concerts de ce soir partageaient un dispositif scénique minimal quasi similaire sur la forme – deux têtes de pipes sur scène se répartissant les rôles de bassiste/guitariste/vocaliste, et quelques machines, dont au moins une boîte à rythmes pour pallier aux conséquences rythmiques concrètes de l’allergie profonde dont soufrent les trois groupes envers la très respectable ( ?) corporation des batteurs– tout en pratiquant sur le fond un rock, consubstantiellement divergent (du moins Hint en rapport des deux autres), bien que tout autant éprouvant pour les oreilles, même affutées !

 

[P.U.T] ou le premier exemple d’une fratrie musicale transfrontalière (l’un vit à Paris, l’autre à BXL, dit la bio) au passif discographique déjà lourdement plombé. Un post-hardcore indus très « Godfleshien » ponctué d’incartades noisy poisseuses à la Unsane. Pulsation rythmique mécanique de machine-outil au ralenti, chant rauque ou cris étranglés, guitares inélégantes de laminoir à froid, basses telluriques, et salissures plombées sur tout l’horizon sonores, [P.U.T] reconduit en partie les schémas d’un idiome rock ombrageux apparu il y’a déjà deux décennies et maintes fois éprouvés depuis, ici même par ailleurs. Avec aussi malheureusement ces quelques insuffisances côté coffre (vocal), un manque de reliefs évident dans l’écriture - et qui n’est pas sans provoquer un certain ennui chez votre serviteur – et d’occasions trop rares où le duo s’aventure en terrain mélodique dégagé, celui où règnent les imposantes statures de Swans ou Young Gods.

 

D’une longévité plus grande encore (1994 pour les prémices) et intiment liés au Magasin 4 dont ils sont deux des indiscutables chevilles ouvrières, Pneumatic Head Compressor (ou PHC) rassemble deux frérots (auparavant, ils étaient 3 dans le coup) dans un projet electro/metal/indus au long cours (2 LP, un live, 2 maxi…) ponctué dans son existence de nombreux « arrêts sur activités ». Glacial, et d’une effroyable efficacité destructive, cassures rythmiques brutales, vocaux déshumanisés, samples et bruitages au forceps, basse marmoréenne et une guitare trempée dans un metal hyper lourd et radioactif, composent le menu. Un paquet de noms issus d’un sous-genre quelque peu relégué en promotion rock depuis un bail nous traversent l’esprit. Certains, sont toujours vaguement du monde des vivants (Ministry) ou le plus souvent, les vagues échos d’un genre que l’on a plutôt suivi de loin : Peace Love & Pitbull, Pitchshifter, Treponem Pal…. On est impressionné mais peu passionné et encore moins concerné. Et on va prendre l’air !

 

On revient pour Hint, autre gloriole 90s hexagonale (discrète) mais dans un registre « générique » noisy rock, celui occupé jadis par Prohibition, Drive Blind, Sleepers, Deity Guns… Originaire d’Angers, patrie des Thugs (autre fleuron rock locale), Hint a sorti trois disques incroyablement denses, inventifs et ouverts à d’autres lexiques musicaux entre 1995 et 1998, et qui souffrent fort peu des affres d’une réécoute en 2014. En formule binôme, guitares et chant/basse + machines (samples et boite à rythmes), les deux Français ajoutent une menue composante jazz free à leur noise rock météorologique (et electro-ambient ou indus par moments) toujours menaçant. Des irruptions de sax tonitruant ou tintinnabulant et d’attaques de trompette bourdonnante ou enveloppante se mêlent à un raout sonique bigarré qui, dans ce contexte précis de titres étirés dans la durée et écartelés entre humeurs contraires échos cinématographiques et progressions assassines, semble construit à la façon des voyages intérieurs mystérieux où l’émotion brute est bien meilleure guide que la raison froide. On demeure stupéfait par le caractère irréductible de la chose et la maîtrise impassible des deux hommes au niveau de leur art (et ce, même si le show souffre aussi de quelques longueurs), mais parfois comme maintenu à l’écart d’un concert dont le cœur semble palpiter ailleurs, dans un univers parallèle directement observable et transparent, mais imperméable au toucher.

 

Une soirée légèrement en deçà des espérances. Mais il y en a tant d’autres à venir…

 

YH

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