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20 ans du Magasin 4 - Jour 8

publié le par Constantin Papageorgiadis

Yannick Hustache suit de près les festivités - Baby Fire / White Manna / Bardo Pond /

Sommaire

Les 20 ans du Magasin 4, jour 8 (où pourquoi je suis fermement convaincu de l’existence des sirènes et à leur charme insidieux et tenace).

Les weekends supportent parfois un cahier de charges festives tel qu’il est impossible pour votre serviteur de rejoindre à temps sa seconde résidence portuaire pour assister à la prestation de Baby Fire, l’un des multiples projets de dame Diabolita (alias Dominique Van Cappellen-Waldock). On assume, mais on se rachètera comme on peut et on promet de la revoir très bientôt, ou de glisser au moins trois fois le nom de l’un de ses groupes dans une discussion musicale à bâtons rompus (les plus inutiles et donc mes préférées) avant la fin de l’année…


White Manna ouvre donc le bal et déploie un space rock psyché idéal en saison de cueillette des champignons. Une musique de marée montante qui prend tout son temps pour déployer ses motifs filandreux et sinusoïdaux et installer ses climats brumeux et mouvants. Reste que dans le marigot actuel très fréquenté du rock de fumette, ces Newyorkais manquent quelque peu d’à-propos, ne pouvant ni prétendre à la noirceur tribale des Black Angels, ni virevolter sur des courbes folles et sexuées façon White Hills, ni même se parer des attributs d’une certaine classe intranquille à la Wooden Shijps. White Manna, c’est l’acid rock en pantoufles (en sabots ?), le space trip de papa mais sans OGM. On aurait été presque déçu avant que les Américains ne nous gratifient d’un final sur les nerfs tout à fait inattendu ! D’où la question « Did punk rock saved their lives ? ».


Voir Bardo Pond en tête d’affiche relève chez votre serviteur d’un quasi vieux fantasme enfin assouvi, tant les prestations précédentes en première partie de (…) me laissaient en bouche un goût paradoxal de trop peu mêlé de reviens-y. Actifs depuis plus de deux décennies, ces Américains natifs de Philadelphie n’ont cessé depuis de parcourir les mêmes eaux musicales troubles et profondes, d’ajouter paliers de décompression sur paliers de décompression à leur hybride noise pop /rock psychédélique, le plus souvent structuré en spirale drone, et où se perpétue l’écho vocal de la naïade Isobel Sollenberger ou celui, dilué, de son instrument fétiche, la flute traversière. A la fois dissonant et amniotique, Bardo Pond est en quelque sorte un Mazzy Star des abysses, et demande en conséquence, quelques prédispositions à l’abandon et à la croyance au mystère pour s’y laisser dériver. Ici, tout résonne en porte-à-faux, chant en retrait, murmuré, aux limites de la justesse (pas loin de celui d’une Kim Gordon apathique), placé presque tout entier sous le régime de la complainte évanescente, et autant en lutte tacite qu’emporté par son environnement instrumental direct. Enigmatiques et déjà liquéfiées, les paroles doivent certainement évoquer les tourments intimes de son auteure, tout autant que les expériences sensorielles « chimiquement assistées » auxquelles elle semble coutumière. L’autre part de cet enchantement qui opère (ou pas), ce sont ces guitares liquéfiées au roulis vertigineux, enveloppantes, insaisissables et dont les longues trames filamenteuses croisées se composent pour partie d’accords détricotés et de feedback ondoyant, forment in fine un tout assourdissant miraculeusement fluide et équilibré à l’oreille, un chaos magnifiquement ordonnancé. Leur dernier méfait (Peace on Venus) est passé quasi intégralement en revue au milieu de titres plus anciens, des motifs acoustiques acid folk se glissent un peu partout entre les interstices (sur)amplifiés, et Isobel, malgré des habits frustres, joue à la perfection son rôle de sirène des profondeurs, glaciale, lointaine et si irrésistiblement attirante…


La lumière se rallume, les yeux me font presque mal, les oreilles bourdonnent de bonheur, le charme agit encore …


YH
Photos Séverine « La Montoise » Bailleux. Merci à elle
http://cabarousse.tumblr.com/
 

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