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3 questions et plus à La Jungle

LJ 2020 COLOR © Romuald Strzelczyk.jpg
La sortie progressive du confinement coïncidant pratiquement avec la parution de leur quatrième album studio, "Fall Off The Apex" (le 21 mai dernier), on ne s’est pas fait prier pour envoyer une batterie de questions au duo trance-noise le plus excitant du royaume. Un binôme constitué de Mathieu et Rémy qui, privé de son biotope naturel – la scène – durant des mois, s’est piqué d’une collaboration singulière et au long cours avec Art et marges. Explications !

PointCulture : On peut parler de double, voire triple actualité pour La Jungle : un nouvel album, un projet collaboratif toujours en cours avec Art et marges, et enfin la reprise des concerts, inaugurée par quelques dates en Russie. J’ai oublié quelque chose d’important, ou qui vient juste de s’ajouter, depuis ce « presque retour à la normale » ?

La Jungle : On pourrait compléter tout ça avec beaucoup d’autres choses sur lesquelles on planche depuis plusieurs mois. Mais une chose à la fois. On s’est finalement peu ennuyés durant les confinements successifs. Plein de nouvelles choses arrivent pour 2021, 2022 et 2023, dont des sorties sur lesquelles on a peu ou pas encore communiqué.

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André Robillard et La Jungle

PC : J’aimerais revenir sur cette collaboration entre La Jungle et Art et marges. En quelques mots, c’est donc un processus de double échange en continu. Vous d’un côté, et une dizaine d’artistes A & M. de l’autre, échangez vos avancées sonores et graphiques jusqu’à la confection d’un album complet ? Vous avez d’abord ébauché des titres à partir du travail d’artistes exposés par A & M, puis c’est aux artistes de réagir graphiquement à ces premières ébauches qui aboutiront à des œuvres qui seront exposées dans le musée dans une scénographie proposée par vos soins. Une sortie livre/disque récapitulative (en édition limitée) venant clore cette collaboration est prévue.

La Jungle : C’est assez complet en fait. On peut rajouter aussi qu’on a dépassé le cadre des artistes du musée. On a élargi à de nouvelles têtes et de nouveaux lieux, comme par exemple le Créahm-Bruxelles où on est tombés sur des pépites. L’objet ne sera disponible qu’en 2022. On est en plein processus. On vient tout juste de rencontrer la dernière des dix ou onze artistes qui vont nous suivre sur cette édition. L’album est écrit, pas encore enregistré. On fera ça cet été, quand on aura un créneau pour le faire. Ensuite il faudra seulement imaginer la forme exacte que va prendre le disque. C’est ça aussi qui est excitant. Sortir un album qui ne ressemblera en rien à nos nombreuses sorties depuis 2013/2014.

PC : Comment vous êtes-vous retrouvés dans ce projet ? Le processus s’est étalé sur combien de temps au total ?

La Jungle : On avait déjà, par le passé, rencontré quelques-uns des artistes, comme par exemple André Robillard ou encore Kostia Botkine avec qui on a tourné en concert (Choolers Division). Disons aussi qu’on connaissait déjà pas mal Art et marges, on avait déjà bossé avec eux dans d’autres contextes que La Jungle, comme au Vecteur à Charleroi, par exemple. Puis Coline, qui fait partie de l’équipe, est une amie. On a mis tout ça en place quand la Fédération Wallonie-Bruxelles a lancé son premier appel Un Futur pour la Culture. On a ébauché et détaillé cette idée de disque et de rencontres sur papier et nous avons été soutenus. On s’est de suite mis au travail, à l’automne 2020. Si l’objet sort au printemps 2022, on sera sur un processus d’un an et demi au total. Dur de faire plus court vu les enjeux et le travail colossal que ça demande.

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Lien Anckaert & La Jungle

PC : Comment se sont faits concrètement vos échanges avec les artistes ? Le Covid vous a-t-il obligé à revoir ou réinventer vos processus de travail ?

La Jungle : Dans certains cas, les contraintes sanitaires nous ont empêchés de rencontrer les artistes, ce fut par exemple le cas avec Serge Delaunay. On a dû faire ça à distance (mais on l’avait déjà rencontré par le passé). Dans d’autres cas, on a fait de la route et on a pu rencontrer les illustratrices et illustrateurs sur les lieux de leur résidence ou centre d’accueil, comme André Robillard, Lien Anckaert, François Peters ou Hideki Oki. Pour chaque artiste, on a eu la chance de pouvoir compter sur des éducateurs spécialisés, des animateurs ou des chef·fe·s d’ateliers. On a rencontré de très belles personnes qui ont accueilli notre proposition à bras ouverts. C’était comme une bénédiction après avoir passé plus d’un an à ne plus rencontrer personne –fini les publics, les équipes de festival, les techniciens, les nouveaux groupes avec qui on joue. Toucher de nouvelles personnes avec un concept de disque vraiment frais, c’était donc parfait.

Pour chaque artiste, on a eu la chance de pouvoir compter sur des éducateurs spécialisés, des animateurs ou des chef·fe·s d’ateliers. On a rencontré de très belles personnes qui ont accueilli notre proposition à bras ouverts. — La Jungle

PC : Était-ce une première pour vous ce type d’échange créatif ?

La Jungle : On a travaillé avec pas mal d’artistes différents avec La Jungle, comme Guillaume Ettlinger, Gideon Chase ou Michael Sallit, qui ont réalisé des pochettes pour nous. On a aussi partagé pas mal de split avec des groupes comme Noyades, Jozef van Wissem, Lysistrata ou Hyperculte. Mais pour ces sorties passées, chacun a toujours travaillé dans son coin et la production suivait par mail. Ici, avec ces illustratrices et illustrateurs, on est sur le terrain, on rencontre les gens, on les voit dessiner dans leur propre cadre de travail. On échange sur les visuels proposés, on écoute les nouveaux morceaux composés pour chacun, ensemble. C’est un processus de terrain et donc plus vrai et plus sincère, qui amène aussi à rencontrer plus facilement d’autres intervenants, comme un réalisateur de films d’animation ou des portraitistes qui ont voulu se joindre à nous.

PC : Vous verriez-vous récidiver à l’avenir ? Si oui, dans quelle direction artistique vous verriez-vous aller ?

La Jungle : On va certainement récidiver. Dans un autre style, avec des enfants porteurs de handicaps. Mais cette fois, davantage dans une optique d’atelier créatif. Et dans le but d’aboutir à une représentation commune, un concert au Luxembourg. Mais en mode one shot en 2022 également. Ce qui est chouette, c’est que c’est dans la même veine que l’album/objet sur lequel on travaillait avec Art & marges, le Créahm, etc. Tout se tient.

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PC : Quelques mots sur votre nouvel album Fall Off The Apex qui vient de paraître. Il a dû être composé durant la pandémie de COVID. Or quand on sait que l’essentiel de votre musique nait quelque part dans l’effervescence des moments où vous jouez ensemble (dans la même pièce ?), comment avez-vous composé les titres du nouvel album sans perdre de cette « énergie de contact », et comment s’est effectué votre passage en studio d’enregistrement et le tournage de votre clip Le Jour du Cobra ? Qui l’a produit ?

La Jungle : Fall Off The Apex n’a justement pas été composé pendant la pandémie, mais bien en 2019. Il a ensuite été enregistré en mars 2020. On a quitté le studio trois jours avant le premier confinement. Il aurait donc dû sortir en 2020, mais le contexte sanitaire a saboté nos plans, raison pour laquelle ce quatrième album ne sort que maintenant, à l’aube d’une reprise des concerts. En revanche, on a pas mal avancé sur de nouveaux morceaux composés et enregistrés en pleine pandémie. Et ils sont clairement teintés différemment vu le contexte dans lequel ils ont émergé. Pas de concerts, une salle de répète (le Rockerill à Charleroi) désertée de tout événement, bien plus de temps pour se focaliser, écrire, créer, arranger. Ça change tout. Pas forcément en bien, pas forcément en mal. Pour ce qui est du Jour du Cobra et des deux journées de tournage, je crois que ça nous a fait pas mal de bien. C’était une très belle équipe et un cadre de travail vraiment fou et agréable. De nouveau, pouvoir bosser sur un plateau avec une dizaine de personnes après des mois sans pouvoir trop s’activer, ça laisse de très bons souvenirs. Et le clip a été très bien reçu.

PC : La Jungle est par essence un groupe live. J’ose à peine imaginer votre plaisir à refaire des concerts et à revoir votre public dans le blanc des yeux, mais le top départ a été donné en Russie il y a quelques semaines, quelques retours sur cette « expédition » ?

La Jungle : C’était forcément bouleversant. Le Focus Vif a fait un chouette compte rendu de nos trois jours là-bas. Un « carnet de voyage ». Débarquer dans un pays surprotégé et assez fermé sur l’extérieur, où aucune norme sanitaire n’est de rigueur et où tu peux rassembler 300 personnes pour faire une énorme fête sans aucune distanciation ou port du masque, ça te fait tomber sur ton cul. Ça nous a mis en décalage pendant quelques jours après notre retour. Même avec nos premiers concerts en Belgique un mois plus tard, on ne retrouvera pas un quart des possibilités qu’on a eues à Kazan. On n’avait pas vécu ça depuis des mois. Avec un bon choc culturel par-dessus le marché. Parfait.

Bonne chance pour la suite et à bientôt !

Interview : Yannick Hustache
photo de bannière : Romuald Strzelczyk

Exposition collective
Chanson d'amour

Jusqu'au dimanche 26 octobre 2021


Art et marges musée
314 rue Haute
1000 Bruxelles

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