3 Questions à It It Anita
1 PointCulture : 3ème LP depuis 2015 (4, si l’on y ajoute le EP Recorded By John Agnello) avec le même line-up, dans une catégorie (au taquet : indie/noise/rock…) minoritaire du rock, et avec une année et demie de stand-by forcé due au COVID 19. C’est avec un peu de recul, un très beau parcours dans un paysage musical rock (francophone) pas extensible à l’infini. Quel bilan tirez-vous de ce chemin parcouru depuis 7 ( ?) ans, en regard de ce que vos attentes au moment de la formation d’It It Anita et des contraintes susmentionnées? Il y a moins de querelles d’ego quand on est plus vieux et qu’on n’a déjà pas mal roulé sa bosse avant ?
« Sauvé », est votre dernier disque paru cette année. Si vous deviez le décrire par rapport aux précédents, que diriez-vous à un fan, et à un néophyte qui écoute pour la première fois votre rock ?
It It Anita (via Michaël Goffard) : Nous n'avions pas vraiment d'attentes précises en démarrant le projet. On voulait juste jouer fort, crier fort et faire plein de concerts. On a eu l'occasion de jouer beaucoup, de pas mal voyager, de faire de belles rencontres et d'enregistrer quelques albums. Je dirais donc que le bilan est assez positif.
L'année et demi de stand-by forcé fut à la fois compliquée et bénéfique.
Compliquée car nous avions l'habitude de jouer beaucoup, d'être souvent sur la route. Et ça, ça nous a terriblement manqué. Même si depuis 7 ans, nous avons sorti pas mal de disques, l'essence même de It It Anita, c'est la scène.
Bénéfique car, pour la 1ère fois, nous avons pris une vraie pause pour se consacrer à un nouvel album. Nous sommes arrivés en studio plus affûtés que jamais et la session a été très relaxe.
Concernant Sauvé, par rapport à nos disques précédent, je dirais qu'il est plus brut, plus rough, plus direct.
2 PointCulture : Quand on se penche sur l’historique de vos sorties discographiques et la réalité du disque physique aujourd’hui, on ne peut que faire ce genre de constatation qu’il faut une constellation d’acteurs et de labels pour encore parvenir à publier des disques. Et pour vous, j’ai l’impression que vous êtes passés assez rapidement du microcosme liégeois actif (Honest House, Jaune Orange, et votre structure Luik Records) à un arrimage international bénéfique avec Vicious Circle (France)? C’est une nécessité pour acquérir plus de visibilité et bénéficier de leur déjà longue expérience du terrain et de réseaux, mais pour It It Anita, j’y vois aussi l’histoire d’une amitié musicale conjointe bâtie aussi sur un catalogue solide, riche de groupes qui sont comme en écho à votre musique (Lysistrata, Psychotic Monks …) ? Qu’en est-il réellement ?
It It Anita : On a eu la chance de croiser les bonnes personnes aux bons moments. Parfois ça tient à pas grand-chose : On a beaucoup tourné avec Lysis(trata), on s'est lié d'amitié avec eux, puis on a rencontré Philippe (Vicious) avec qui le courant est rapidement passé, etc., etc., etc.
La consommation de musique est assez étrange de nos jours : on trouve ça tout à fait normal de payer un abonnement 8eur et d'avoir accès à tout ! Mais je dois dire que pour les groupes « de niche » comme IIAA, les gens soutiennent, achètent de vrais disques car ils comprennent tout le process qu'il y a en amont.
3 PointCulture : À vous voir sur scène, lors des fêtes de la musique au Congrès à Bruxelles pour moi, où vous semblez toujours prendre votre pied sur scène (et le public aussi) ; À parcourir vos vidéos – minimale mais toujours imaginatives et bien réalisées ; À relever quantité de détails piquants et amusants au sein de votre discographie comme la photo du producteur en cover de Laurent après avoir intitulé votre EP Recorded By John Agnello (du nom du producteur reconnu dans le milieu indie rock) et où tous les chansons portaient des titres en français. Et enfin de pointer le contraste entre les morceaux de Sauvé qui ont des titres qui tiennent (sauf deux) en un seul mot et ceux de Again à la présentation plus énigmatique, on se dit que l’histoire d’It It Anita est jalonnée de petites histoires et anecdotes étranges et amusantes qui finissent toujours par rejaillir d’une façon détournée dans votre travail…
It It Anita : La première qui me vient à l'esprit concerne notre dernier album Sauvé : Le morceau « More » a été enregistré live (comme tous les autres d'ailleurs) en une seule prise. La 1ère fut la bonne ! D'après Amaury (Sauvé, l'ingénieur/producteur du disque), c'est le 1er one-shot fait dans son studio.
J'ai aussi en mémoire la tempête de neige Jonas pendant notre enregistrement à New-York : en une nuit, il est tombé une quantité incroyable de neige. Le lendemain matin, on ne voyait plus aucune voiture dans les rues, elles étaient entièrement recouvertes par la neige ...
Je terminerais par un classique de tournée : l'erreur de GPS. Au lieu d'arriver pour notre balance au Printemps de Bourges, nous sommes arrivés à Nantes. Léger stress, demi-tour ... Nous avons rejoints Bourges juste à temps pour le concert (qui s'est très bien passé).
PointCulture : Merci de vous réponses, bonne tournée et à bientôt.
Interview : Yannick Hustache
photos : It It Anita.
Dernier disque : Sauvé (Luik/Vicious Circle)
https://ititanita.bandcamp.com/
En concert ce jeudi 23/09 à l'Orangerie du Botanique avec Milk TV et Brolab :
https://botanique.be/fr/concert/it-it-anita-milk-tv-brorlab-2021