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3 questions à Jérôme Henry et Stanis Starzinski (PointCulture Charleroi)

Matt Elliott à PointCulture Charleroi
Discrètement – peut-être un temps "trop discrètement" – mais amoureusement – jamais "trop amoureusement" – les deux programmateurs carolos ont sculpté une proposition de concerts multi-facettes qui force l'admiration : Elliott Sharp, Matt Elliott, Ken Vandermark, James Brandon Lewis et Chad Taylor, Éloïse Decazes et Eric Chenaux, Midget !, Bertrand Betsch, Orso Jesenska... Et beaucoup d'autres !

1- Je me souviens de l’inauguration, il y a une quinzaine d’années, des locaux où vous vous trouvez encore actuellement et où avait joué entre autre le mythique groupe rock amstellodamois The Ex. Je me souviens particulièrement du concert de leur invité, le saxophoniste londonien John Butcher, déambulant entre les rayons de CD et de DVD... Aujourd’hui, après l’organisation de concerts dans des salles en ville chez des partenaires puis chez vous dans un espace à part, vous avez dégagé une sorte de « clairière » au milieu de bel espace principal de l’ex-Médiathèque… Pouvez-vous expliquer ce choix et les atouts de cette nouvelle configuration ?

- Jérôme Henry : La carte blanche offerte à The Ex, c'est, en effet, un moment inoubliable en 2001 !

- Stanis Starzinski : Tout cela remonte à bien longtemps… Mais un grand moment ! Je me souviens également de la chanteuse Vera Coomans ce soir-là.

- J. Henry : Même si on continue sporadiquement à collaborer avec des salles partenaires, principalement le Vecteur, on avait envie de faire vivre notre lieu en soirée. Un espace où on a toujours voulu faire découvrir, par le prêt physique, des musiques singulières, hors du marché musical dominant.  C'est peut-être aussi par la confrontation directe, en live, avec certaines expressions musicales, parfois étiquetées « pointues », qu'elles peuvent être mieux appréciées, même par un public non initié. 

Lorsqu'on a programmé un premier concert dans cet espace, on ignorait que l'acoustique allait s'y révéler vraiment excellente. Tous les musiciens invités, ayant joué en formule acoustique ou amplifiée, ont souligné les qualités acoustiques du lieu. Pour le public, c'est aussi une expérience différente de celle d'un concert dans une salle traditionnelle. De par le côté insolite du lieu, et par cette proximité avec les musiciens.

- S. Starzinski : On a changé la scénographie du lieu car c’est quelque chose que l’on devait de toute façon faire. Le fait d’avoir cet espace dégagé ouvrait des possibilités pour notamment organiser notamment des concerts et d’augmenter la capacité d’accueil. Même si nous avons toujours une salle polyvalente « le bocal » qui a déjà accueilli ce genre d’événements mais n’était pas réellement conçue pour cela. Cela a du coup créé une autonomie. La délocalisation a ses avantages mais pouvoir accueillir des événements chez nous devenait quelque chose d’essentiel. L’autre point positif est la qualité de l’acoustique. Chaque musicien ayant presté chez nous que cela soit en acoustique ou de manière amplifiée a confirmé cette qualité

 

2- Si les CD et la musique « dormante » ont dû en partie faire de la place pour aménager cet espace consacré à la musique « vivante », il reste néanmoins pas mal de disques – et de disques incroyables – tout autour… Les musiciens que vous faites jouer, sont aussi presque toujours des amateurs, des amoureux de musique ; est-ce qu’ils vous parlent parfois du fait de jouer au milieu de tous ces disques, au milieu de cette présence à distance des musiciens qui les ont influencés ?

- S. Starzinski : Il est clair que cela crée une atmosphère particulière, un peu en dehors des salles en configuration « classique ». Cela crée également une proximité, une « intimité » avec le public présent. Public qui, parfois, emprunte des disques après le concert.

À côté de cela, les musiciens sont impressionnés par leurs propres discographies que l’on a constitué au fil du temps et de l’ensemble de nos collections. En voyant ce trésor musical, certains musiciens nous ont même signalé qu’ils resteraient toute la journée dans un endroit pareil s’il existait près de chez eux ! Même si le support physique évolue comme il est en train d’évoluer, les amoureux de musique ne restent pas insensible a tout ce patrimoine.

- J. Henry : Parfois ils sont surpris de trouver des CD de leur discographie qu'ils ne possèdent plus eux-mêmes ! Certains nous ont confié trouver que ça avait beaucoup de sens pour eux de jouer parmi ces collections musicales… et même cinématographiques. On se souvient de Ken Vandermark avant son soundcheck, qui en voyant le DVD dans les bacs, nous avait parlé du film, Jeanne Dielman, 23 Quai du Commerce, 1080 Bruxelles de Chantal Akerman (« a complete masterpiece ») et de comment cette œuvre avait influencé sa manière de composer et improviser. Il a d'ailleurs dédié une de ses pièces interprétées le soir-même à la cinéaste belge décédée un an auparavant.


 

3- Il me semble que les deux familles principales des musiciens américains, anglais, belges que vous réussissez à faire venir à Charleroi sont le jazz et les musiques improvisées, d’une part, et le folk et les guitaristes plutôt acoustiques, d’autre part… Pouvez-vous expliquer ces choix ? Et pouvez-vous nous parler chacun d’un concert particulièrement marquant (au niveau de la rencontre avec l’artiste, de la musique, de la réponse du public, etc.) ?

- J. Henry : Le premier choix a été de privilégier des formules solos ou duos. Proposer des moments intimistes. On a volontairement évité les formats rock avec batterie. Concernant le choix des deux familles que tu évoques, on peut l'expliquer par nos goûts personnels et accointances.  Et parce qu'on constate que ces genres sont peu présentés dans les salles wallonnes.

Cela dit, la saison dernière, on a consacré également deux soirées à la chanson française avec Bertrand Betsch, Midget ! et Orso Jesenska.  En avril, on accueillera un jeune saxophoniste baryton new-yorkais et un clarinettiste belge dont les approches ne sont pas jazz, plus proche d'une approche sonore atmosphérique à la Colin Stetson pour le premier, et incorporant des éléments issus du monde classique contemporain pour le second. Et le 4 mai prochain, un quatuor à cordes viendra interpréter du Beethoven ainsi qu'une pièce du compositeur belge Jean-Luc Fafchamps.  Pour nous, peu importe le style tant que le musicien y apporte, selon nous, une singularité pertinente en 2018.


- S. Starzinski : C’est vrai qu’au départ, la programmation était acoustique, en formule solo ou duo. Ou bien avec une amplification minimum. On découvrait également l’espace, on ne cernait pas encore ses capacités, jusqu’où on pouvait aller dans le choix de la formule. C’est quelque chose qui s’étoffe au fur et à mesure. La première fois qu’une batterie est apparue, c’est lors du duo James Brandon Lewis et Chad Taylor en janvier 2018


- S. Starzinski : Je n’ai pas réellement de souvenirs d’un concert en particulier. C’est difficile de choisir. Chaque moment est particulier - avec ses succès, les rencontres humaines, les moments privilégiés avec des artistes que l’on défend depuis plusieurs années et qu’on côtoie le temps d’une soirée.

- J. Henry : On a une tonne de bons souvenirs de ces soirées, de toutes ces rencontres et échanges avec les musiciens et avec un public ouvert aux découvertes. J'ai bien sûr des moments préférés mais je n'ai pas envie d'en évoquer un plutôt qu'un autre.  Côté public, ça varie selon les concerts. On a un noyau fidèle qui nous fait confiance depuis le début de nos programmations chez nos partenaires. Mais aussi un nouveau public différent,  selon le genre musical. Le point commun c’est le respect de la musique et des musiciens, l'écoute attentive.

It's a kind of quiet I never hear in New York City ! It's a pleasure... — Elliott Sharp à Charleroi

Interview (par e-mail) : Philippe Delvosalle

Photo de bannière : Matt Elliott au PointCulture Charleroi


Les deux prochains concerts au PointCulture Charleroi :

- Vendredi 20 avril 2018 : Jonah Parzen-Johnson (USA) et Ben Bertrand (Belgique)

- Vendredi 4 mai : le Quatuor MP4 (Belgique) joue Beethoven et Jean-Luc Fafchamps

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