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3 questions à Julie Van Der Kar, responsable du Festival Alimenterre

julie van der kar

environnement, agriculture, Festival AlimenTerre

publié le par Frédérique Muller

Cela fait 12 ans que le festival AlimenTerre existe en Belgique. PointCulture interroge la responsable du festival sur l'évolution de la programmation, sur le travail de sélection et sur le sens particulier de cette édition placée sous le signe du COVID-19.

PointCulture : Cela fait 12 ans que le festival AlimenTerre existe en Belgique et il semble que cette année la programmation s’est ouverte à d’autres thèmes que l’agriculture. Cette impression est-elle justifiée ? Peux-tu raconter l’évolution du festival ?

Julie : Au fil du temps, le festival a acquis une belle renommée et attire un public toujours plus nombreux. Après une dizaine d’éditions, SOS Faim, organisateur du festival, souhaitait insuffler un renouveau. A mon arrivée à la coordination du festival en février dernier, j’ai ainsi bénéficié d’une grande liberté pour innover et expérimenter des choses. C’est ainsi que, tout en conservant les fondamentaux et l’âme du festival, nous nous sommes notamment ouverts aux créations sonores et radiophoniques ou à des séances « jeunes et très jeunes publics ». Nous avons également programmé plusieurs films d’auteur, avec une forme ou une narration plus atypique.

La programmation entend ainsi proposer d’autres récits. — Julie
festival alimenterre 2020

L’agriculture est assurément en lien avec les enjeux alimentaires, environnementaux, mais aussi avec des questions comme le bien-être animal (« Nous la mangerons, c’est la moindre des choses » d’Elsa Maury), la malforestation (« Le Temps des forêts » de François-Xavier Drouet), la relocalisation (« Quand les tomates rencontrent Wagner » de Mariana Economou), l’avenir des jeunes agriculteurs (« Cyrille, agriculteur, 30 ans, 20 vaches, du lait, du beurre, des dettes » de Rodolphe Marconi), etc.

Le festival entend en effet être à la croisée de tous ces enjeux interdépendants. Le festival reste un espace de réflexion et d’échanges sur des questions essentielles comme l’accès à la terre, l’agro-écologie, les OGM, la souveraineté alimentaire, etc., mais s’ouvre aussi à d’autres sujets brûlants comme les théories d’effondrement. Le film d’ouverture « Une fois que tu sais » est un film coup de poing d’un jeune réalisateur qui prend conscience de la fragilité de notre société et des limites physiques d’un monde qu’on croyait infini. Face à la perspective d’un effondrement global, le film nous invite à faire un cheminement intérieur, émotionnel, intellectuel. Comment vivre dans un monde qui s’effondre ? Quelle résilience face à un effondrement des systèmes alimentaires ?

Ce film et tant d’autres nécessiteront des discussions, des échanges et des débats. C’est bien là les fondamentaux et le rôle du festival Alimenterre. — Julie

PointCulture : Comment se passe la sélection des films qui seront projetés ?

Julie : Les films de cette année ont été sélectionnés pour leur force de proposition politique et esthétique. A partir de la centaine de films reçus, nous en avons retenu 25. Le comité de sélection, composé principalement de volontaires a eu le rôle difficile de n’en retenir que 10. Le festival Alimenterre collabore étroitement avec de nombreux volontaires, qui participent activement à toutes les étapes du festival. C’est une vraie richesse. Pour beaucoup, cela ne fut pas simple de visionner autant de films en pleine période de confinement, et surtout de se réunir et de délibérer à une petite vingtaine de personnes en virtuel. Pour des raisons liées au contexte, nous n’avons hélas pas pu débattre et échanger sur chaque film, comme souhaité. C’est vraiment dommage car argumenter, défendre un film, se faire convaincre par quelqu’un d’autre, voir un film différemment après en avoir discuté, c’est bien là le plaisir de faire partie d’un comité de sélection.

Pour les éditions prochaines, nous aimerions faire de ce comité de sélection un terrain d’échanges et d’initiation au langage cinématographique.

Quant aux critères de sélection, en plus du lien évident avec les thématiques agricoles et alimentaires, nous privilégions des films réalisés par des cinéastes d’Afrique ou d’Amérique latine, des films qui mettent en avant les interdépendances Nord-Sud, qui montrent un Sud qui bouge, qui mettent en lumière des alternatives et des pistes d’action, qui allient la qualité artistique et pédagogique. Et si le film n’est pas trop long pour laisser la place au débat qui suit chaque film, c’est formidable. Et puis, dans la mesure du possible, nous avons également tenté de privilégier des films sur la jeunesse ou réalisés par des jeunes cinéastes.

PointCulture : Le COVID-19 donne-il un sens particulier aux thèmes abordés dans le festival ?

Julie : Dans ce contexte, le festival a sans doute plus que jamais un sens et un rôle à jouer dans la prise de conscience de l'importance de l’agriculture et le besoin de promouvoir des systèmes alimentaires sains, durables et résilients. Les conséquences du Covid-19 seront en lame de fond de nombreux débats.

En réponse à la crise sanitaire et au confinement, nous avons vu les systèmes locaux et diversifiés prouver leur dynamisme et leur capacité de résilience mais la question de la relocalisation des systèmes alimentaires sera au cœur du Forum des Alternatives : quelle est la bonne échelle et qui nourrir le mouvement ? Quelle place pour les échanges internationaux et notamment les relations Nord-Sud ? Comment faire coexister les différents modèles et selon quelle temporalité ? Quelles actions mettre en œuvre concrètement et selon quelles priorités ? Quatre intervenants viendront apporter leur expertise et leurs propositions.

Par ailleurs, le Festival Alimenterre c’est aussi un lieu de convivialité, des moments de fête et de légèreté, dont nous avons aussi cruellement besoin ! — Julie

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